samedi 27 février 2010

Tout travail mérite salaire…ou presque

L’un des inconvénients qu’il y a être avocat est que l’on est souvent sollicité par un entourage qui n’hésite pas à nous demander des conseils...gratuits.

Quand il s’agit d’amis, on est toujours tenté de le faire gratuitement.
Cependant, quand le conseil en question implique de devoir y consacrer temps et qu’il peut rapporter de l’argent à celui qui me sollicite, je ne me gêne plus pour lui expliquer que le travail d’un avocat, ne se résume pas à plaider des affaires devant les tribunaux, mais consiste bien souvent à donner le meilleur conseil possible à son client afin qu’il puisse prendre la position la plus favorable à ses intérêts.

Dans le milieu, on a coutume de dire (à tort ou à raison) qu’il ne nous viendrait pas à l’esprit d’aller voir un ami coiffeur et de se faire couper les cheveux gratuitement dans son salon, ni même d’aller chez un ami restaurateur et d’y manger sans régler la note.

Mis à part lorsque la situation l’exige, il n’y a donc aucune raison valable que l’avocat fasse exception à la règle.

samedi 20 février 2010

Transmission de clientèle

La « nouvelle » génération des avocats, dont je fais partie, est probablement plus spécialisée que ne l’étaient les précédentes, qui pouvaient se vanter de pratiquer une activité beaucoup plus généraliste.

Sans laisser tomber l’idée d’intervenir dans des matières qui ne sont pas les miennes, j’ai tendance à orienter les clients qui s’adressent à moi, pour que j’intervienne dans des domaines que je ne maîtrise pas bien, vers des confrères et amis qui sont beaucoup plus familiers de ces matières.

La réciproque est vraie, puisque que quelques clients personnels me sont venus par l’intermédiaire d’amis avocats.

Quand je reçois un nouveau client, alors que je me sais déjà assez débordé par le travail que me confie mon cabinet et celui que j’ai pour le compte de mes clients personnels, j’essaye de jauger le temps que cela me prendra pour lui donner satisfaction.

Si j’estime que le problème juridique est simple et qu’il peut être résolu dans un temps raisonnable, je l’accepte sans trop me poser de question. Si je le juge complexe et surtout particulièrement chronophage, il me reste la possibilité d’apporter l’affaire au cabinet dans lequel je suis, afin que le temps que j’y consacrerais ne me soit pas ensuite reproché.

L’intérêt de ce système est que je peux continuer à suivre ce client, profiter de l’expertise des associés et collaborateurs de mon cabinet, tout en étant, en tant qu’apporteur d’affaires, intéressé à un pourcentage de ce qu’il rapportera.

Il existe, en réalité, toujours la tentation d’accepter tous les clients qui se présentent, mais je sais, grâce à l’expérience de certains de mes amis plus expérimentés que moi dans cette profession, que la situation devient vite intenable, sauf à accepter de travailler quasiment tous les week-end et de ne plus avoir de vie privée.

jeudi 11 février 2010

Points de vue extérieurs

Il m'arrive assez régulièrement de me retrouver entre amis qui n'exercent pas du tout le même métier que moi.

Qu'ils soient médecins, ingénieurs, juristes, fonctionnaires, artistes ou étudiants, j’ai pu constater que le regard qu'ils portent sur mon métier est souvent partagé entre l'attirance et la répulsion.

J'ai régulièrement avec eux de longs débats sur ce métier et l’intérêt que je lui porte.

Nombreux sont ceux qui me confient ne pas arriver à comprendre la capacité d'investissement en temps dont sont capables certains avocats, et ce, pour des rémunérations à peine supérieures voire inférieures aux leurs.

L'un d'entre eux, à qui je répondais que c'est un peu le propre de ce métier que de ne pas vraiment avoir d'horaires, m'a répondu ceci : « J'ai beau retourner la situation dans tous les sens, ne serait-ce que pour cette raison, ton métier ne me fait pas du tout envie ».

Je vous fais grâce des regards scandalisés de certains à qui j’ai confié quelques unes des expériences vécues par des confrères et amis au sein de cabinets d’avocats.

Après bientôt un an et demi d’exercice, ces petites réunions entre amis d’horizons différents ont le don de me rappeler le caractère atypique de ma profession, tout en me confortant dans l’idée que c’est aussi parce qu’elle est spéciale que je l’apprécie tant...

mercredi 3 février 2010

Toutes affaires cessantes

Il y a dans ce métier, comme dans d’autres, des urgences qui vous tombent dessus sans prévenir.

Alors que j'imaginais vivre une journée assez « calme » durant laquelle j’avais prévu de finaliser quelques dossiers importants et d’en entamer d’autres, l’un des gros clients du cabinet appelle en catastrophe. Il explique qu’il a besoin de nos services et de notre assistance de façon à ce qu’il puisse avoir les éléments de réponse aux nombreuses questions qu’il se pose au plus tard pour la fin de la journée (19/20h).

Il est bien conscient qu’il nous en demande beaucoup dans un laps de temps très court, mais il est prêt à payer cher pour que soit fait dans les délais précités.

Cette journée commence donc par un coup de téléphone du client à mon associé. L’associé me fait ensuite un debriefing rapide concernant la demande précise du client.
Ses exigences sont claires. J’ai 10h à peine pour répondre aux attentes du client quand, d’ordinaire, il faut au minimum deux jours au junior que je suis pour traiter correctement ce type de problématique.

Etant donné l’urgence, je comprends sans trop de mal qu’il ne serait pas superflu que je prenne une pause déjeuner se résumant à manger quelque chose devant mon bureau en 10 minutes montre en main, si je veux avoir une chance d’être dans les temps.

J’essaie de relativiser la situation en me disant que c’est une bonne façon de tester mes limites ainsi que ma capacité à travailler efficacement dans un temps limité.
Quand vient la fin de la journée, je fais un point avec l’associé impatient et inquiet qui m’a confié ce travail, puis nous présentons ensemble au client, le travail revu et corrigé par ses soins.
Le client rend son verdict. Il est satisfait. L’associé est content qu’il le soit. Je le suis tout autant.

Puisque ce dossier était la priorité de ma journée et que les autres n’ont pas pu être traités, faute de temps, il faut ensuite que je consacre quelques minutes au traitement des affaires en souffrance.

Quelques minutes plus tard ; il est déjà 23h. Je pars donc du cabinet précisément 14 heures après y être arrivé…avec l’espoir que demain sera…un autre jour.