dimanche 29 mai 2011

Avoir le temps de…

Quasiment toutes les fois où je discute avec des confrères de la profession d’avocat, le débat finit par s’orienter vers une question de gestion du temps.

Celui qui gagne bien (voire très bien) sa vie en tant que collaborateur d’un cabinet anglo-saxon dira regretter quelque peu de ne pas avoir la possibilité, eu égard à ses horaires, d’envisager, ne serait-ce qu’une seconde, de développer une quelconque clientèle personnelle.

Celui qui gagne beaucoup moins bien sa vie en tant que collaborateur d’une petite ou moyenne structure aimerait avoir plus de temps à consacrer à sa clientèle personnelle et ainsi compenser quelque peu l’écart qui le sépare de ses confrères de gros cabinets.

Reste que quelque soit la configuration, vous vous retrouvez assez souvent devant le constat suivant : dans ce métier, il faut abattre (sauf rares exceptions) beaucoup de travail et y consacrer un temps considérable pour espérer bien (voire très bien) gagner sa vie.

Dans ce cas de figure, ce n’est finalement plus le temps pour développer sa clientèle personnelle qui vient à manquer, mais celui consacré à sa vie privée.

lundi 9 mai 2011

Savoir annoncer les mauvaises nouvelles

Je perçois chez certains clients qui me consultent, à titre personnel ou pour le compte du cabinet pour lequel je travaille, une volonté que je leur dise uniquement ce qu’ils ont envie d’entendre.

Avant d’avoir pu consulter les documents que je leur demande de me faire parvenir, ils ont une fâcheuse (mais bien compréhensible) tendance à résumer leur litige en minimisant ce qui pourrait leur être préjudiciable et en insistant sur une partie du litige qui leur donnerait prétendument raison.
L’expérience aidant, je commence à « détecter » ce type de situation un peu plus facilement.

L’avocat a une obligation de conseil qui doit le pousser à indiquer à son client quelle est la réalité de la situation à laquelle il est confronté sans exagérer les risques, mais en ne les minimisant pas pour autant.

S'il laisse entendre à son client que l’action que ce dernier le pousse à engager a de grandes chances de succès sans prendre le temps de l’alerter sur les risques qu’il prend eu égard aux nombreux points faibles du dossier, il engage sa responsabilité.

S’il ne lui dit pas, après une analyse complète du dossier, qu’étant donné sa situation, il a tout intérêt à ne pas persister dans l’erreur et donc à sortir de l'illégalité dans laquelle il se trouve, il manque également à son devoir de conseil.

En clair, l’avocat n’a pas à suivre l’analyse de la situation faite par son client, et ce d’autant plus quand ledit client n’est pas un juriste et qu’il apprécie le litige auquel il est confronté essentiellement à l’aune de ses sentiments personnels. Lesquels lui dictent, bien souvent, qu’il a raison et que les autres ont tort.

L’avocat peut (et doit) parfois être celui qui sait annoncer les mauvaises nouvelles, quand il arrive à la conclusion qu’il ne peut en être autrement.

Même si, comme cela m’est arrivé aujourd’hui, vous ne faites pas un heureux, le client, une fois la déception passée réfléchira peut être au fait que vous lui avez épargné une action en justice qu’il aurait au final perdue, avec notamment comme sanction de devoir payer les frais d’avocat du défendeur...