mercredi 31 mars 2010

18 mois dans la peau d’un avocat

J’avais intitulé mon précédent blog « 18 mois pour savoir ou le journal d’un élève-avocat ». J’étais alors convaincu qu’à l’issue des 18 mois de formation à l’EFB, j’aurais la réponse à la question de savoir si ce métier était fait pour moi.

À l’aube de mon 18ème mois de collaboration, je mesure le chemin parcouru depuis mes débuts.

J’ai déjà pu dire ici que je me sentais plus à l’aise et plus légitime qu’il y a un an et demi de cela, tant dans les consultations et autres conclusions que je rédige que lors de mes plaidoiries.

L’une des conséquences directes de cette assurance que j’ai pu prendre au fil du temps tient maintenant dans le fait que j’aspire à travailler consciencieusement pour le cabinet qui m’emploie tout en dégageant de plus en plus de temps pour travailler pour mes propres clients.

J’apprécie l’idée qu’un client puisse me solliciter pour trouver une issue à un problème qui lui semblait jusqu’ici insoluble…et ce, encore plus quand c’est mon propre client.

Je garde néanmoins à l’esprit que la cliente personnelle est un sujet tabou au sein de nombreux cabinets. Personne n’est vraiment contre parce qu’il est interdit de s’opposer à ce qu’un collaborateur libéral en développe, mais en pratique de nombreux cabinets perçoivent mal que leurs collaborateurs puissent en avoir et surtout dégagent du temps, durant la journée, pour s’en occuper.
Dans ce cas de figure, libre à vous d'y consacrer vos soirs et vos week-end.

Ces 18 mois ont contribué à conforter quelques-unes de mes certitudes et quelques-uns de mes doutes.

Le métier en lui-même, malgré ses défauts et inconvénients, me séduit toujours autant, sinon plus qu'avant.

Il est incontestablement surprenant, régulièrement épuisant, mais très souvent passionnant…

dimanche 28 mars 2010

Une affaire qui compte

Quelques affaires comptent plus que d’autres, notamment parce que la personne dont vous défendez les intérêts tient absolument à obtenir un jugement dont elle a besoin pour tenir le coup psychologiquement et/ou pour s’en sortir financièrement.

Elle vous fait régulièrement part de ces craintes et dans ce contexte difficile, elle met sur vous une pression indirecte dont il est difficile de se détacher.

Le jour venu, vous plaidez en espérant que le juge fera droit à vos demandes et quand, quelques semaines plus tard, intervient le délibéré vous êtes impatient d’appeler votre client pour lui dire que l’un de ces problèmes vient de trouver une issue judiciaire favorable.

Cette affaire vous aura peu rapporté financièrement, mais les remerciements nourris et sincères de votre client contribuent à faire de vous un avocat heureux…

samedi 20 mars 2010

La stratégie judiciaire

J’ai déjà eu l’occasion d’indiquer à quel point la stratégie judiciaire avait sa place dans certains dossiers.

Plus le temps passe et plus j’en prends conscience.
Il n’est, en effet, pas rare que le client qui nous sollicite n’ait aucune idée préconçue de la stratégie à adopter.

Il s’en remet donc à son avocat pour qu’il agisse au mieux de ses intérêts.
Quand il apparaît que le client est surtout intéressé par le fait d’être dédommagé du préjudice qu’il a subi et qu’il semble qu’une longue et coûteuse procédure ne l’intéresse pas plus que cela, il est toujours possible de se rapprocher de la partie adverse de façon à envisager avec elle un règlement amiable du litige.

Paradoxalement, le fait de proposer dès l'origine une issue transactionnelle implique de préparer le dossier aussi bien, sinon mieux, que quand on s’apprête à intenter une action pour le compte du client.

Le but est, en effet, de convaincre son interlocuteur, après une lecture des pièces et des arguments, qu’il a tout intérêt à accepter la proposition qui lui est faite, tant l’issue d’un procès ne fait aucun doute.

Il doit être convaincu que proposer X euros maintenant lui évitera d’en payer X euros fois 10 dans quelques mois avec en prime les frais d’avocats à couvrir.

Hormis le cas de figure où la somme proposée en dédommagement est ridicule et donc inacceptable pour nos clients, ce type d’arrangements « entre amis » est profitable à tous.

samedi 6 mars 2010

Les mêmes causes produisent les mêmes effets

J’ai régulièrement des échanges avec des amis de la même promotion que moi sur ce qu’il peut y avoir de compliqué dans cette profession d’avocat.
Notamment sur la difficulté qu’il y a à gérer les égos des uns et des autres, à trouver le temps nécessaire pour gérer une clientèle personnelle, mais aussi à conserver une vie privée digne de ce nom.

Mis à part les associés et les collaborateurs seniors de mon cabinet avec qui j’ai des échanges, sur ces différents points, que je qualifierai d’assez convenus, j’ai, pour ainsi dire, rarement l’occasion de discuter à bâton rompu, avec des avocats beaucoup plus expérimentés que moi, de la meilleure façon pour un collaborateur junior de tirer son épingle du jeu.

Une fois n’est pas coutume, j’ai récemment rencontré un avocat d’un peu plus de 6 ans d’expérience, lequel était associé d’un cabinet qu’il avait lui-même créé après avoir fait ses armes dans deux des plus grands cabinets de la place de Paris.

C’était l’archétype du bosseur, conscient de ce qu’attendent vraiment ses clients et qui sait pertinemment, pour l’avoir fait quelques années plus tôt, ce qu’il vaut mieux faire quand on est un collaborateur junior, un tant soit peu ambitieux.

Toutes les situations que je lui exposais lui étaient familières.

J’ai donc pris bonne note de l’ensemble de ses recommandations et mises en garde, en gardant à l’esprit que dans ce métier, les mêmes causes produisent bien souvent les mêmes effets...