mardi 23 octobre 2012

Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras

Dans ce métier, on est souvent confronté à des configurations simples.

Un client vous consulte parce qu’il est poursuivi devant les tribunaux, et ne peut donc faire autrement que se défendre, ou à l’inverse, il vous sollicite parce qu’il est déterminé à poursuivre quelqu’un.

Ces deux situations sont les plus classiques, mais, parmi elles, il existe des déclinaisons qui rendent les choses un peu plus complexes.

Il arrive que l’une ou l’autre des parties se rende compte qu’au delà du droit, qui a toutes les chances d’être ou non de son côté à l’issue d’une éventuelle procédure, il existe un risque important pour que cette procédure dure longtemps et qu’elle coûte chère en frais d’avocats.

Nous sommes dans la configuration où votre client sait qu’il a raison et donc toutes les chances d’obtenir gain de cause, mais dans laquelle son contradicteur lui rétorque qu’il est tout à fait prêt à assumer le coût et la longueur d’une procédure contentieuse pour ne pas avoir à lui verser, immédiatement, les X euros qu’il lui réclame à titre de dédommagement.

Dans ces conditions, soit votre client sait qu’il a raison et assume l’idée qu’il risque de n’être payé qu’à l’issue d’un jugement devenu définitif (après un éventuel appel de la décision rendue en 1ère instance), soit l’attitude de son adversaire, qui fait mine d’attendre sereinement qu’il le poursuive, pousse votre client à penser qu’un « mauvais arrangement vaut mieux qu’un bon procès ».

Il a face à lui quelqu’un qui lui rappelle qu’entre les frais d’avocat, le temps passé et l’incertitude quant à l’issue du procès, il a tout intérêt à accepter un accord transactionnel qui déboucherait sur le paiement immédiat d’une somme de X – Y euros plutôt que de rester sur l’idée qu’il obtiendra dans quelques mois (voire années) la somme exacte qu’il espère l’obliger lui à verser.

Vous remplissez votre devoir de conseil en expliquant précisément à votre client ce qu’il est en droit d’espérer sur le plan juridique, ce qu’il lui en coûtera en termes de frais de justice et combien de temps tout cela pourrait durer, mais vous ne pouvez décider à sa place de la suite à donner à son dossier et ce, d’autant plus s’il se montre déjà hésitant.

Tout juste pouvez-vous lui indiquer que parfois…« un tiens vaut mieux que deux tu l’auras ».

lundi 1 octobre 2012

Dans l'ordre des choses

L'avocat que je suis est, comme tant d'autres, constamment à la recherche de temps.

Non content d'avoir beaucoup de travail en tant que collaborateur,  j'ai choisi d'y ajouter une clientèle personnelle assez conséquente et, il faut bien le dire, de plus en plus "envahissante".

Mes clients personnels sont assez contents de ce que je fais pour eux, mais au delà du contenu du travail que j'effectue pour leur compte, ils aiment ce qu'ils perçoivent chez moi comme une forme de disponibilité.

Le client lambda a, à tort, l'impression que son avocat n'est jamais disponible ou très peu.

Dès lors, quand vous faites montre de disponibilité ainsi que d'une certaine forme de diligence, cela conforte votre client dans l'idée que vous n'êtes pas "un avocat comme les autres".

Le fait est que, le succès aidant, vous êtes condamné à devenir chaque jour un peu moins disponible que par le passé et donc à décevoir ceux de vos clients qui aimaient cette qualité chez vous.

Il est néanmoins dans l'ordre des choses et dans le fonctionnement de tout cabinet d'avocats que des clients réguliers partent un jour et que d'autres prennent leur place.

Le tout étant de faire en sorte que ceux qui partent, quelles qu'en soient les raisons, soient toujours moins nombreux que ceux qui décident de vous rejoindre.