mercredi 23 décembre 2009

Le secret du délibéré

Certaines semaines commencent avec en ligne de mire un délibéré très important.

Il concerne une affaire qui a débuté à mon arrivée au cabinet et par l’intermédiaire de laquelle j’ai beaucoup appris, notamment en multipliant les recherches pour pouvoir argumenter et contre argumenter dans des conclusions en demande, réplique, duplique et récapitulatives à l’attention du confrère adverse.

J’ai passé du temps sur ce dossier, le client m’a fait confiance, les associés aussi, allant même jusqu’à me dire que c’est à moi que reviendrait la charge de le plaider.

Je suis donc allé plaider cette affaire face à un confrère largement plus expérimenté que moi.

Après l’audience, j’ai eu l’impression que les juges étaient en accord avec les arguments que je leur avais exposés, mais j’ai appris à me méfier de ce type d’impression.

Il m’a donc fallu attendre ce délibéré pour savoir ce qu’il en était vraiment.
Le jour J, j’obtiens de la greffière les grandes lignes du dispositif du jugement. Il est implacable. Le Tribunal a fait droit à toutes nos demandes.

Le client en est informé. Il jubile, il remercie d’abord l’associé, puis me glisse quelques compliments.
L’associé est heureux, mais comme beaucoup d’avocats (la totalité ?), en plus d’être avare de compliments, il est très peu démonstratif.

Cette semaine sous haute tension s’achève donc sur une note positive. Un long suspense laisse la place à un vrai soulagement.

vendredi 18 décembre 2009

Surprenant ?

Je ne cesse de décrire sur ce blog, à quel point ce métier est spécial.

Non pas qu’il soit le seul qui vous oblige parfois (voire souvent) à commencer tôt et à finir tard.
Non pas qu’il soit le seul qui ne vous permette pas de savoir quand vous débutez une journée de travail, à quel moment précis elle pourra prendre fin.
Non pas qu’il soit le seul où l’on vous demande un investissement physique et intellectuel constant.
Non pas qu’il soit le seul où de fortes responsabilités pèsent sur vos épaules.

Mais, à n'en pas douter, parce que c’est l’un des seuls métiers où, malgré près de 3 ans d’expérience (en stage puis en collaboration), vous gardez intacte cette capacité à être surpris et effaré en entendant l’un de vos confrères, au hasard d’une rencontre au Palais, vous décrire son quotidien de collaborateur junior.

dimanche 13 décembre 2009

Les lois de l'attraction

L’article qui relatait le quotidien d’un jeune collaborateur dans un grand cabinet d’avocats d’affaires me donne, cette fois, l’envie de parler de ce que je connais non pour l’avoir personnellement expérimenté, mais pour en avoir entendu parler par le biais d’amis et confrères…le cabinet d’avocats anglo-saxons.

J’ai souvent cette impression de clivage entre les avocats qui travaillent au sein de structures anglo-saxonnes et les autres.

Cette « séparation » s’explique notamment par :

- la rémunération que l’on vous accorde (être collaborateur junior 1ère année au sein de ces structures équivaut bien souvent à gagner autant que des associés de structures petites ou moyennes soit entre 5.500 et 7.000 euros brut par mois).

- Les moyens que l’on met à votre disposition (vous travaillez dans des locaux somptueux et vous avez les moyens techniques, juridiques et humains appropriés pour effectuer le travail qui vous a été demandé, sans avoir à sortir du cabinet à la recherche d’une quelconque information).

- La composition de ces cabinets (vous travaillez avec quelques-uns des avocats les plus réputés et compétents de la place de Paris dans leurs domaines respectifs).

Puisqu’il ne peut pas y avoir que des avantages à travailler dans ce type de structures, il s’avère que l’on attend très souvent de votre part un investissement à la hauteur de la rémunération que l’on vous verse…à savoir, considérable.

Vu que vous gagnez le double de ce que gagnent certains de vos confrères qui exercent dans des petites ou moyennes structures, il est souvent très mal vu de faire les mêmes horaires qu’eux.
Vous gagnez plus ; vous travaillerez donc plus.

Dans ces conditions, il n’est pas rare d’avoir à demander l’autorisation pour partir avant 20h30 et il est fréquent que vous soyez toujours au cabinet à 22h, voire beaucoup plus tard si l’activité (souvent soutenue) l’exige.

Les associés de ce type de cabinets sont de très grands travailleurs, qui ne comptent pas leurs heures, et qui perçoivent donc assez mal le fait que leurs collaborateurs n’en fassent pas de même.

À quelques exceptions près, les règles du jeu sont finalement assez simples. Il ne vous reste plus qu’à savoir, eu égard aux inconvénients et aux avantages qu’elles présentent, si elles vous correspondent.

mercredi 9 décembre 2009

Ici, vous aurez la chance d’être formé

En lisant cette interview d'un jeune collaborateur, transmise par un lecteur de mon blog, ce passage : « En fait, c’est simple, on n’est pas managé. Contrairement au stagiaire qui n’a quasiment rien le droit de faire, le jeune collaborateur est assez seul dans son travail » m’a donné l’idée du post qui suit...et d'autres à venir.

Je précise d’entrée que j’estime être un peu formé au sein du cabinet. J’insiste sur le « un peu » parce j’ai bien conscience que je ne le suis pas à la hauteur des attentes que j’avais placées dans mon statut de collaborateur junior, lequel fait que je suis, par définition, en constante demande de formation.

Disons qu’à quelques rares exceptions près, l’avocat qui dit à son futur collaborateur (qu’il espère alors appâter), qu’au sein de son cabinet, il aura la chance d’être formé, ne dit pas toute la vérité.

Et pour cause, les associés et les collaborateurs seniors d’un cabinet d’avocats ont, dans leur grande majorité, peu de temps...pour accomplir beaucoup de choses.

Vous remarquerez d’ailleurs que dans la phrase : « Ici, vous aurez la chance d’être formé », rien n’est dit sur la personne qui dispensera cette formation, ni sur le temps qui sera consacré à ladite formation.

En essayant de ne pas trop caricaturer la situation, pour la plupart des cabinets le seul maillon de la chaîne qui mérite une formation digne de ce nom est le stagiaire.
Le collaborateur est différent. Il coûte cher de l’heure et doit donc savoir tout faire ou presque et le faire parfaitement...ou presque.

Le but étant que le travail qu’il réalise demande, en termes de relecture et de validation, le moins de temps aux associés et aux collaborateurs seniors qui le corrigent.

Ainsi, puisque le temps manque, il faut qu’il soit utilisé de la meilleure des façons.
Pour cela, il est donc nécessaire que le temps de celui qui compte le plus (l’associé) soit utilisé à bon escient.
S’il sert à former et non pas à faire l’essentiel, corriger les écritures et autres consultations rédigées par ses collaborateurs, c’est qu’il est « mal utilisé ».

Je mets « mal utilisé » entre guillemets, parce je ne doute pas une seule seconde que l’associé a bien conscience du fait que s’il forme son collaborateur, ce dernier aura moins de difficultés à appréhender les questions juridiques qui se poseront dans ses futures conclusions et consultations et que ce temps, consacré dès l'origine, se révèlera comme étant du temps de gagner, à court ou moyen terme.

Cela étant dit, il est difficile de nier que dans un cabinet d’avocats, le temps présent a une fâcheuse tendance à prendre le dessus sur le temps futur...

lundi 7 décembre 2009

A la croisée des chemins

Même si une année de collaboration reste une courte expérience à l’échelle d’une carrière, elle est souvent riche d’enseignements.

Quelques-uns de mes confrères ont, sur cette même période, déjà connu plusieurs collaborations. Certains ont quitté volontairement (ou contre leur gré) jusqu’à trois cabinets d’avocats dans ce laps de temps.

Les raisons ne sont pas étrangères au fait que le cabinet d’avocats est une sorte de « petite entreprise » dans laquelle les rapports de force, la hiérarchie et la pression sont très souvent exacerbés.
Certains avaient pu s’en apercevoir au gré de leurs stages, d’autres m’ont avoué ne pas s’être imaginés une seule seconde que cela l'était à ce point.

Dans ces conditions, quel que soit votre caractère, vos compétences ou votre capacité de résistance à la pression, rien ne vous garantit que vous vous sentirez bien dans tel ou tel cabinet d’avocats.
Ajoutez à cela le fait que l’on attende traditionnellement beaucoup plus d’un stagiaire que d’un collaborateur et vous obtenez ce cocktail qui pousse déjà certains de mes confrères à s’engager vers d’autres cieux ; notamment le métier de juriste.

Puisqu’il n’y a, fort heureusement, pas que des expériences difficiles dans ce métier, de nombreux confrères et amis sont très satisfaits de leur collaboration.
Certains d'entre eux aspirent même (déjà) à voler de leurs propres ailes, tellement leur expérience se révèle concluante et encourageante pour la suite...

jeudi 3 décembre 2009

Mutualiser les connaissances

J’exerce dans ce que l’on peut décrire comme une structure de taille moyenne. On qualifie souvent de cette façon les cabinets dans lesquels il y a entre 15 et 30 avocats.

Quand je compare mes conditions de travail à celles de certains de mes confrères qui travaillent dans des petites structures (1 à 5 avocats), je perçois mieux quelques uns des avantages qu’il y a à pouvoir être dans ce type de cabinet.

J'ai tendance à croire que lorsque vous travaillez dans une toute petite structure, les échanges entre avocats sur des points de droit sont moins fréquents que ne peuvent l’être ceux entre collaborateurs qui, au sein de moyennes ou grandes structures, organisent notamment une veille juridique spécifique aux domaines du droit et les problématiques couverts par chacun des départements.

Dans ce métier, le fait d’échanger régulièrement avec quelqu’un d’aussi, de moins ou de beaucoup plus expérimenté que soit, apporte toujours quelque chose au débat.

Savoir mutualiser les connaissances vaut parfois autant que l’expérience…