dimanche 26 octobre 2008

Rencontre avec mon rapporteur

Il y a quelques jours, j'ai rencontré mon rapporteur.
Un rapporteur est un ancien membre du conseil de l'Ordre qui a la mission d'apprécier votre moralité afin de savoir si vous êtes apte à embrasser la profession d'avocat.

Après avoir fait une demande d'inscription au barreau et fournis notamment un chèque de 610 euros, une copie de vos diplômes, un contrat de collaboration, deux attestations de moralité (signées par deux avocats de plus de 10 ans d'expérience), la responsable des inscriptions vous désigne, en effet, un rapporteur qui s'entretiendra avec vous pour savoir quelles sont les motivations qui vous poussent à rejoindre cette profession, pour vous donner quelques conseils et, accessoirement, pour apprécier votre moralité.

Mon rapporteur était quelqu'un d'éminemment charismatique. Un avocat pénaliste plus que septuagénaire qui plaidait encore la veille de notre entretien en correctionnel.

Un avocat qui vous dit que la profession est belle mais qu'il faut absolument veiller à ne pas se faire bouffer par elle au détriment de sa vie privée parce que l'on souhaite absolument montrer à son patron que l'on est capable d'une importante débauche d'énergie et de temps dans le travail.

Un rapporteur qui me rappelle l'importance de ne pas se laisser marcher sur les pieds par des confrères plus expérimentés et qui m'avertit en me disant que lorsque l'on perd un procès on devient souvent le dernier des derniers pour le client alors qu'à l'inverse le client peut se révéler assez ingrat en cas de victoire.

Un avocat qui vous dit qu'en cas de question ou de problème, vous pouvez passer le voir à n'importe quelle heure du jour et de la nuit.

Un rapporteur que j'aurai pris plaisir à rencontrer et que je remercie.

vendredi 24 octobre 2008

Une question d'us et coutumes

Je viens de terminer ma deuxième semaine de travail dans la peau d'un collaborateur sur le constat suivant. Plus qu'un travail nickel et irréprochable, le cabinet attend de moi un investissement personnel à la hauteur.

Celui-ci peut se présenter de différentes façons :

- Faire des suggestions et proposer des solutions pertinentes aux problèmes posés dans les dossiers que le cabinet doit traiter.

- Ne pas hésiter à venir tôt et à partir tard pour facturer plus et (faire) gagner plus au cabinet mais aussi pour permettre aux collaborateurs déjà en place d'être en partie libérés d'une charge de travail devenue importante (croissance de la clientèle du cabinet oblige).

La théorie veut que le collaborateur libéral puisse décider seul de son emploi du temps et qu'il ait le temps nécessaire pour développer sa clientèle personnelle, ceci en veillant bien à gèrer correctement les dossiers qu'on lui demande de traiter pour le cabinet.

En pratique, cela diffère selon les cabinets de la place de Paris. Ceux qui paient déjà grassement leurs collaborateurs (plus de 6000 euros brut par mois) attendent d'eux un investissement total, maximum...et parfois sans limite.

À part quelques exceptions, qui sont aussi là pour confirmer la règle, ceux-là n'auront pas de clientèle personnelle avant plusieurs années faute de temps pour s'en occuper. Afin de ne pas tomber dans la caricature, je tiens à préciser que certaines associés de structures qui paient pourtant 3 fois moins leurs collaborateurs prennent parfois très mal le fait qu'ils « osent » se consacrer à autre chose qu'aux dossiers du cabinet.

D'où l'intérêt, avant de signer une collaboration, de se renseigner un minimum sur la structure que l'on souhaite intégrer et sur la politique du cabinet notamment à cet égard.

Sur ce point, comme sur d'autres, je suis assez satisfait.

Pourvu que ça dure...

mercredi 22 octobre 2008

Les choses sérieuses peuvent enfin commencer

J'ai débuté ma collaboration depuis déjà un peu plus d'une semaine.

Même si je n'ai pas pleinement le titre d'avocat (n'ayant pas encore prêté serment), la pratique a fait que j'ai dû très vite me glisser dans l'habit et dans les habitudes de l'avocat lambda.

Des tâches m'ont très rapidement été confiées. Il m'a notamment été rappelé l'importance de travailler prioritairement (voire exclusivement) sur ce qui est facturable au client.

L'occasion de m'apercevoir (même si je m'en doutais) du pourquoi des tâches parfois (souvent?) ingrates confiée aux stagiaires. Ce qui leur est laissé correspond au travail peu ou pas facturable.

J'ai pu me rendre compte que les associés du cabinet ne m'avaient menti ni sur leur niveau d'exigence ni sur la teneur des tâches qui allaient m'être confiées.

Je souhaitais faire du contentieux tout en aillant l'opportunité de faire le tour de ce que recouvre l'activité de conseil. Sur ces deux points, j'estime, pour l'heure avoir été entendu.

Pour ce qui est de l'ambiance à l'intérieur du cabinet, même si je n'en attendais pas grand chose, je suis heureux de constater qu'elle est bonne. Je n'attends pas particulièrement de m'y faire des amis, mais je suis toujours content de constater que les gens semblent heureux de se voir le matin et que les avocats ont l'air d'avoir de l'estime les uns pour les autres.

La contrepartie des responsabilités que l'on m'a confiées est que la qualité du travail que je rends soit au rendez-vous. J'en ai bien conscience et j'espère être à la hauteur des attentes placées en moi.

Comme me le disent la plupart de mes amis (en pensant faire preuve d'originalité) depuis qu'ils savent que j'ai obtenu le CAPA : « Pour toi, les choses sérieuses peuvent enfin commencer ».

lundi 13 octobre 2008

C'est la crise ma bonne dame !

Le mot est, en ce moment, dans toutes les bouches et chacun y va de sa petite analyse. Tout le monde se sent concerné ou menacé par elle, mais que signifie-t-elle pour les avocats ?

Je ne peux en fait parler qu'en tant que tout jeune avocat mais il semble difficile de nier le fait que l'activité des cabinets subisse, elle aussi, de plein fouet la crise.

Celle des subprimes dans sa version 2007 avait déjà considérablement ralenti l'activité de certains gros cabinets notamment dans leurs départements fusions acquisitions ainsi que droits bancaire et financier.

La crise version 2.0 qui a fait son apparition depuis quelques semaines précipitant par le fond de grandes banques mondiales signent quant à elle l'arrivée d'un séisme qui touche ou touchera par ricochet les cabinets d’avocats de toutes tailles et bien au delà bien au delà des spécialités susvisées.

La baisse d'activité pousse d’ores et déjà les gros cabinets à beaucoup moins recruter que d'ordinaire à la même période de l'année voire à virer des collaborateurs juniors et seniors déjà en place. Tous les cabinets ne sont cependant pas touchés de la même façon.

Il restera toujours des domaines du droit liés notamment au judiciaire qui ne subiront sans doute jamais la crise en raison du fait que l'on aura toujours besoin d’un avocat pour se défendre et pour régler des conflits devant un tribunal. Quant à l'activité de conseil, les actes juridiques liés à l'activité d'une entreprise nécessiteront toujours qu'un avocat se penche sur la question même si leur quantité risque désormais d'être réduite autour de ce qu'il y a d'essentiel.

En guise de bienvenue dans la profession, il est difficile de nier que la crise tend les bras aux nouveaux avocats dont je fais partie.

Comme pour tout le monde, il faudra faire avec en tentant de s'adapter au mieux à celle que personne n'a vu venir et dont bien malin sera celui qui saura prévoir quand elle prendra fin…

jeudi 9 octobre 2008

De stagiaire à collaborateur

Maintenant que j’ai obtenu le CAPA, la période de ma vie correspondant à mes études est désormais derrière moi.

Il me faudra maintenant prouver non plus mes capacités à obtenir la moyenne et plus à des examens dans lesquels l’aléa tenait parfois une place considérable mais démontrer à mes patrons que je suis capable d’effectuer dans les délais imposés un travail sérieux, précis et rigoureux sur les dossiers qu’ils me confient.

Par ailleurs, il me faudra très vite passer de la peau du stagiaire que j’étais à celui du collaborateur que je serai. Là où le stagiaire fait souvent des recherches et est couvert et chapeauté par le collaborateur avec lequel il travaille, le collaborateur doit tenter de concentrer son activité sur ce qui est directement facturable au client et se retrouve en première ligne dans les discussions qu’il a avec les associés du cabinet. Avec tous les avantages et inconvénients que cela peut comporter.

Quand (exception faite de certains gros cabinets) un stagiaire peut partir tôt du cabinet (19h30/20h) même si des dossiers sont en cours, le collaborateur est souvent amené à rester tard au cabinet et à y revenir parfois le week-end si l’activité du cabinet en dépend et si le dossier dont il a la charge l’exige.

Passer de la peau d’un stagiaire à celle d’un collaborateur prendra du temps. J’en prendrais sans doute définitivement conscience le jour où, à mon tour, je confierai du travail…à un stagiaire.