mercredi 23 décembre 2009

Le secret du délibéré

Certaines semaines commencent avec en ligne de mire un délibéré très important.

Il concerne une affaire qui a débuté à mon arrivée au cabinet et par l’intermédiaire de laquelle j’ai beaucoup appris, notamment en multipliant les recherches pour pouvoir argumenter et contre argumenter dans des conclusions en demande, réplique, duplique et récapitulatives à l’attention du confrère adverse.

J’ai passé du temps sur ce dossier, le client m’a fait confiance, les associés aussi, allant même jusqu’à me dire que c’est à moi que reviendrait la charge de le plaider.

Je suis donc allé plaider cette affaire face à un confrère largement plus expérimenté que moi.

Après l’audience, j’ai eu l’impression que les juges étaient en accord avec les arguments que je leur avais exposés, mais j’ai appris à me méfier de ce type d’impression.

Il m’a donc fallu attendre ce délibéré pour savoir ce qu’il en était vraiment.
Le jour J, j’obtiens de la greffière les grandes lignes du dispositif du jugement. Il est implacable. Le Tribunal a fait droit à toutes nos demandes.

Le client en est informé. Il jubile, il remercie d’abord l’associé, puis me glisse quelques compliments.
L’associé est heureux, mais comme beaucoup d’avocats (la totalité ?), en plus d’être avare de compliments, il est très peu démonstratif.

Cette semaine sous haute tension s’achève donc sur une note positive. Un long suspense laisse la place à un vrai soulagement.

vendredi 18 décembre 2009

Surprenant ?

Je ne cesse de décrire sur ce blog, à quel point ce métier est spécial.

Non pas qu’il soit le seul qui vous oblige parfois (voire souvent) à commencer tôt et à finir tard.
Non pas qu’il soit le seul qui ne vous permette pas de savoir quand vous débutez une journée de travail, à quel moment précis elle pourra prendre fin.
Non pas qu’il soit le seul où l’on vous demande un investissement physique et intellectuel constant.
Non pas qu’il soit le seul où de fortes responsabilités pèsent sur vos épaules.

Mais, à n'en pas douter, parce que c’est l’un des seuls métiers où, malgré près de 3 ans d’expérience (en stage puis en collaboration), vous gardez intacte cette capacité à être surpris et effaré en entendant l’un de vos confrères, au hasard d’une rencontre au Palais, vous décrire son quotidien de collaborateur junior.

dimanche 13 décembre 2009

Les lois de l'attraction

L’article qui relatait le quotidien d’un jeune collaborateur dans un grand cabinet d’avocats d’affaires me donne, cette fois, l’envie de parler de ce que je connais non pour l’avoir personnellement expérimenté, mais pour en avoir entendu parler par le biais d’amis et confrères…le cabinet d’avocats anglo-saxons.

J’ai souvent cette impression de clivage entre les avocats qui travaillent au sein de structures anglo-saxonnes et les autres.

Cette « séparation » s’explique notamment par :

- la rémunération que l’on vous accorde (être collaborateur junior 1ère année au sein de ces structures équivaut bien souvent à gagner autant que des associés de structures petites ou moyennes soit entre 5.500 et 7.000 euros brut par mois).

- Les moyens que l’on met à votre disposition (vous travaillez dans des locaux somptueux et vous avez les moyens techniques, juridiques et humains appropriés pour effectuer le travail qui vous a été demandé, sans avoir à sortir du cabinet à la recherche d’une quelconque information).

- La composition de ces cabinets (vous travaillez avec quelques-uns des avocats les plus réputés et compétents de la place de Paris dans leurs domaines respectifs).

Puisqu’il ne peut pas y avoir que des avantages à travailler dans ce type de structures, il s’avère que l’on attend très souvent de votre part un investissement à la hauteur de la rémunération que l’on vous verse…à savoir, considérable.

Vu que vous gagnez le double de ce que gagnent certains de vos confrères qui exercent dans des petites ou moyennes structures, il est souvent très mal vu de faire les mêmes horaires qu’eux.
Vous gagnez plus ; vous travaillerez donc plus.

Dans ces conditions, il n’est pas rare d’avoir à demander l’autorisation pour partir avant 20h30 et il est fréquent que vous soyez toujours au cabinet à 22h, voire beaucoup plus tard si l’activité (souvent soutenue) l’exige.

Les associés de ce type de cabinets sont de très grands travailleurs, qui ne comptent pas leurs heures, et qui perçoivent donc assez mal le fait que leurs collaborateurs n’en fassent pas de même.

À quelques exceptions près, les règles du jeu sont finalement assez simples. Il ne vous reste plus qu’à savoir, eu égard aux inconvénients et aux avantages qu’elles présentent, si elles vous correspondent.

mercredi 9 décembre 2009

Ici, vous aurez la chance d’être formé

En lisant cette interview d'un jeune collaborateur, transmise par un lecteur de mon blog, ce passage : « En fait, c’est simple, on n’est pas managé. Contrairement au stagiaire qui n’a quasiment rien le droit de faire, le jeune collaborateur est assez seul dans son travail » m’a donné l’idée du post qui suit...et d'autres à venir.

Je précise d’entrée que j’estime être un peu formé au sein du cabinet. J’insiste sur le « un peu » parce j’ai bien conscience que je ne le suis pas à la hauteur des attentes que j’avais placées dans mon statut de collaborateur junior, lequel fait que je suis, par définition, en constante demande de formation.

Disons qu’à quelques rares exceptions près, l’avocat qui dit à son futur collaborateur (qu’il espère alors appâter), qu’au sein de son cabinet, il aura la chance d’être formé, ne dit pas toute la vérité.

Et pour cause, les associés et les collaborateurs seniors d’un cabinet d’avocats ont, dans leur grande majorité, peu de temps...pour accomplir beaucoup de choses.

Vous remarquerez d’ailleurs que dans la phrase : « Ici, vous aurez la chance d’être formé », rien n’est dit sur la personne qui dispensera cette formation, ni sur le temps qui sera consacré à ladite formation.

En essayant de ne pas trop caricaturer la situation, pour la plupart des cabinets le seul maillon de la chaîne qui mérite une formation digne de ce nom est le stagiaire.
Le collaborateur est différent. Il coûte cher de l’heure et doit donc savoir tout faire ou presque et le faire parfaitement...ou presque.

Le but étant que le travail qu’il réalise demande, en termes de relecture et de validation, le moins de temps aux associés et aux collaborateurs seniors qui le corrigent.

Ainsi, puisque le temps manque, il faut qu’il soit utilisé de la meilleure des façons.
Pour cela, il est donc nécessaire que le temps de celui qui compte le plus (l’associé) soit utilisé à bon escient.
S’il sert à former et non pas à faire l’essentiel, corriger les écritures et autres consultations rédigées par ses collaborateurs, c’est qu’il est « mal utilisé ».

Je mets « mal utilisé » entre guillemets, parce je ne doute pas une seule seconde que l’associé a bien conscience du fait que s’il forme son collaborateur, ce dernier aura moins de difficultés à appréhender les questions juridiques qui se poseront dans ses futures conclusions et consultations et que ce temps, consacré dès l'origine, se révèlera comme étant du temps de gagner, à court ou moyen terme.

Cela étant dit, il est difficile de nier que dans un cabinet d’avocats, le temps présent a une fâcheuse tendance à prendre le dessus sur le temps futur...

lundi 7 décembre 2009

A la croisée des chemins

Même si une année de collaboration reste une courte expérience à l’échelle d’une carrière, elle est souvent riche d’enseignements.

Quelques-uns de mes confrères ont, sur cette même période, déjà connu plusieurs collaborations. Certains ont quitté volontairement (ou contre leur gré) jusqu’à trois cabinets d’avocats dans ce laps de temps.

Les raisons ne sont pas étrangères au fait que le cabinet d’avocats est une sorte de « petite entreprise » dans laquelle les rapports de force, la hiérarchie et la pression sont très souvent exacerbés.
Certains avaient pu s’en apercevoir au gré de leurs stages, d’autres m’ont avoué ne pas s’être imaginés une seule seconde que cela l'était à ce point.

Dans ces conditions, quel que soit votre caractère, vos compétences ou votre capacité de résistance à la pression, rien ne vous garantit que vous vous sentirez bien dans tel ou tel cabinet d’avocats.
Ajoutez à cela le fait que l’on attende traditionnellement beaucoup plus d’un stagiaire que d’un collaborateur et vous obtenez ce cocktail qui pousse déjà certains de mes confrères à s’engager vers d’autres cieux ; notamment le métier de juriste.

Puisqu’il n’y a, fort heureusement, pas que des expériences difficiles dans ce métier, de nombreux confrères et amis sont très satisfaits de leur collaboration.
Certains d'entre eux aspirent même (déjà) à voler de leurs propres ailes, tellement leur expérience se révèle concluante et encourageante pour la suite...

jeudi 3 décembre 2009

Mutualiser les connaissances

J’exerce dans ce que l’on peut décrire comme une structure de taille moyenne. On qualifie souvent de cette façon les cabinets dans lesquels il y a entre 15 et 30 avocats.

Quand je compare mes conditions de travail à celles de certains de mes confrères qui travaillent dans des petites structures (1 à 5 avocats), je perçois mieux quelques uns des avantages qu’il y a à pouvoir être dans ce type de cabinet.

J'ai tendance à croire que lorsque vous travaillez dans une toute petite structure, les échanges entre avocats sur des points de droit sont moins fréquents que ne peuvent l’être ceux entre collaborateurs qui, au sein de moyennes ou grandes structures, organisent notamment une veille juridique spécifique aux domaines du droit et les problématiques couverts par chacun des départements.

Dans ce métier, le fait d’échanger régulièrement avec quelqu’un d’aussi, de moins ou de beaucoup plus expérimenté que soit, apporte toujours quelque chose au débat.

Savoir mutualiser les connaissances vaut parfois autant que l’expérience…

samedi 21 novembre 2009

Whatever works

Le contentieux comme le conseil font appel à un sens aigu de la stratégie de la part de l’avocat.

Le contentieux implique que vous rédigiez assignations et conclusions en vous préfigurant d’ores et déjà ce que le confrère adverse sera susceptible de vous rétorquer dans ses conclusions en défense.

Le conseil, quand il s’agit de rédiger des contrats ou de négocier des accords, consiste souvent à placer les clauses et les articles les plus favorables aux intérêts de votre client de la façon la plus habile possible, afin qu’ils soient acceptés par l’autre partie.

Même si les contentieux et les contrats peuvent se ressembler et qu’une expérience significative en la matière est donc utile, force est de constater que chaque dossier à son histoire, notamment parce que les interlocuteurs et leur façon de faire sont différents.

Chaque affaire doit donc être abordée avec vigilance et sans excès de confiance, tant l’erreur de procédure ou l’oubli d’une clause importante ou préjudiciable dans un contrat est possible.

Le client demande à son avocat d’être un fin stratège, en plus d’un excellent juriste. Il attend de lui qu’il obtienne le résultat escompté et se préoccupe finalement assez peu de la manière dont il a procédé pour y arriver.

Le tout, c’est que ça marche…

jeudi 12 novembre 2009

La relation collaborateur/associé/client

J’ai longtemps cru que l’associé d’un cabinet était celui qui, du haut de sa pyramide, dictait aux uns et aux autres les tâches qu’ils devaient accomplir et le temps qu’ils avaient pour les achever.

C’était sans compter sur un autre intervenant qui n’est autre que le client dudit associé.
Il n’est pas rare qu’il considère son avocat comme un simple prestataire de services et comme LA bouée de sauvetage qui intervient lorsque la situation est devenue beaucoup trop complexe pour lui ou pour l’équipe de juristes de son service juridique.

La conséquence directe de cette sollicitation tardive est que les délais d’intervention accordés à l’avocat sont souvent très courts pour trouver une solution au problème exposé par le client. Il n’empêche que cette solution doit être trouvée "ASAP" (cf. As soon as possible).

Dans ces conditions, un associé digne de ce nom accepte de relever le défi ("business" oblige), tout en subissant la pression qu’exerce sur lui un client désemparé, pressé et pressant.

Il ne tarde donc pas à communiquer cette pression et la deadline imposée par son client à ses collaborateurs, lesquels n’ont plus qu’à terminer, en plus de leurs dossiers déjà très urgents, le travail urgentissime confié quelques minutes auparavant par le client.

Parce qu’il est roi, il n’est donc pas rare que ce soit le client qui dicte sa loi à l’avocat…

lundi 9 novembre 2009

L'art de la plaidoirie

Je plaide assez régulièrement, mais je dois reconnaître que les plaidoiries se suivent sans pour autant se ressembler.

Il m’arrive de plaider un dossier dont le fond n’a pas été préparé par moi et pour lequel je remplace un confrère du cabinet empêché à la dernière minute. Dans ces conditions, j’ai encore quelques difficultés à me détacher de mes notes durant l’audience.

Je plaide parfois des affaires pour lesquelles le fait d’avoir réellement travaillé dessus ne change pas grand-chose à la réalité qui veut que la situation du client soit difficilement « défendable ».

À côté de cela, il n’est pas rare que j’aille défendre des dossiers sur lesquels j’ai travaillé suffisamment pour les plaider « les yeux fermés », et ce, d’autant plus que les faits et le droit me donnent d’emblée un véritable ascendant sur mon contradicteur.

Dans ce cas de figure, et pour peu que vous soyez à l’aise à l’oral, vous avez la possibilité de démonter point par point l’argumentation de votre confrère tout en y mettant le ton et la gestuelle (voire l’humour) qui ont le don de tenir les juges en haleine.

C’est à cet instant que la plaidoirie devient un réel plaisir. Tel un musicien, votre travail ne consiste plus qu'à combiner les mots d’une manière agréable à l’oreille…

mardi 3 novembre 2009

« Sois-toi même, mais pas trop ! »

En cette période où de nouveaux avocats prêtent serment, cette phrase pourrait être l’un des commandements du bon petit collaborateur junior qu’ils aspirent probablement à devenir.

Aussi brillant et talentueux soit-il, le collaborateur doit, en effet, garder à l’esprit qu’il ne peut se permettre d’oublier qu’en intégrant un cabinet d’avocats, il intègre une structure qui a ses habitudes et dans laquelle l’ego des avocats qui la compose doit être ménagé.

Il ne lui est donc pas interdit de dire ce qu’il pense, mais il doit faire attention de ne pas dire TOUT ce qu’il pense.

Il peut prendre des initiatives, mais prendre garde à ne pas froisser les susceptibilités de ceux qui n’en prennent pas.

Il ne lui est pas interdit de critiquer le fonctionnement du cabinet, mais s’il peut éviter de le faire devant témoins ; c’est mieux.

Que le collaborateur junior soit rigoureux et efficace dans le travail qu’il effectue est une donnée importante, mais elle compte au moins autant que sa capacité à se fondre dans le moule du cabinet dans lequel il exerce.

À bon entendeur...

lundi 26 octobre 2009

Un statut à part

Le statut d’avocat-collaborateur libéral est particulier. Il permet de travailler pour un patron (un cabinet qui vous verse chaque mois une rétrocession d’honoraires), tout en vous offrant (ce sont les textes qui le disent) le droit d’utiliser les moyens du cabinet ainsi que de prendre du temps pour développer votre clientèle personnelle.

En pratique, cela signifie que vous pouvez notamment recevoir vos propres clients dans les locaux du cabinet et vous absenter les jours où vous allez plaider pour ces clients devant les tribunaux de France et de Navarre.

Toujours en pratique, il est difficile de nier que selon le cabinet dans lequel vous travaillez et l’état d’esprit de ceux qui le dirigent, vous vous retrouverez, soit encouragé à développer ladite cliente (c’est rare) soit réellement découragé de le faire (c’est plus fréquent).

La volonté de décourager le développement de la clientèle personnelle peut s’exprimer directement ou indirectement.
C’est direct, quand les associés font comprendre à leurs collaborateurs qu’il est interdit d’en avoir et que le travail à faire pour le cabinet doit être leur unique priorité.
C’est indirect, quand les horaires imposés au sein du cabinet font qu’il devient difficile de trouver du temps pour recevoir sa clientèle et développer du temps pour elle.

A côté de statut d’avocat libéral, il est possible d’exercer en tant qu'avocat-collaborateur salarié. Ce statut qui présente les avantages classiques du salariat a aussi le mérite de la clarté puisqu’il oblige l’avocat à se consacrer exclusivement au traitement des dossiers qui lui sont confiés pendant l’exécution de son contrat de travail ainsi qu’à la commission d’office et les missions d’aide juridictionnelle pour lesquelles il aura été désigné.

Est-il pour autant enviable ?
Certains vous diront qu’entre avoir un droit dont ils ne peuvent pas profiter et ne pas avoir le droit de l’exercer en profitant d’une contrepartie financière et sociale, ils n’ont pas hésité bien longtemps...

lundi 19 octobre 2009

Souviens-toi l’été dernier

Les résultats d’examen de la promotion Abdou DIOUF (2008-2009) sont tombés la semaine dernière. Quelques-uns de mes amis sont issus de cette promotion. Certains ont d’ores et déjà trouvé une collaboration alors que d’autres passent en ce moment des entretiens qu’ils espèrent voir déboucher sur quelque chose de concret.

Je vois dans quelques-unes des questions qu’ils se posent quant à leur avenir, celles que j’ai pu moi-même me poser, il y a plus d’un an.

Ai-je fait le bon choix de collaboration ?
Dois-je faire primer le montant de la rétrocession d’honoraires sur la qualité de la formation ou l’inverse ?
Suis-je prêt à accepter n’importe quelle condition de travail au prétexte qu’en temps de crise, il est mal vu de se plaindre, alors même qu’on a du travail ?

Quand ils me demandent mon avis, je leur réponds qu’il est préférable d’opter pour le choix qui procurera immédiatement le moins de regrets, tout en leur précisant que l’un des avantages de ce métier est, qu’une fois que l’on est mis en situation, on trouve assez rapidement les réponses aux questions que l’on se pose…

jeudi 15 octobre 2009

Une pierre à l'édifice

Même s'il paraît plus évident qu'un junior apprenne plus régulièrement des choses dont il n'avait pas connaissance qu'un associé ou un senior plus expérimenté que lui, il arrive que ledit junior soit la source d'informations capitales, et ce, ne serait-ce pas parce que c'est lui, aidé en cela par des stagiaires et d’autres juniors du cabinet, qui s'occupe de la revue de presse juridique.

Mis à part ce cas de figure, il se peut (même si c'est beaucoup plus rare) que des points de droit et de procédure un peu plus flous soient résolus en grande partie grâce à l'intervention tenace d'un junior.

À y regarder de plus près, ce n'est pas aussi surprenant que cela. Le junior, eu égard à son coût et à disponibilité, est celui qui peut passer le plus de temps à faire des recherches, à analyser le fond d'un dossier et à s'interroger sur certains arguments opposés par les confrères adverses.

La répartition des tâches propre à certains cabinets d'avocats laisse donc la possibilité au collaborateur junior d'apporter une contribution significative dans la résolution des problématiques liées aux dossiers du cabinet.

Tout dépendra en réalité de la politique du cabinet à l'égard des juniors et du fait de savoir s'il les considère comme des "stagiaires 2.0" qui font des recherches, portent la robe et peuvent donc aller aux audiences de procédures ou comme de véritables maillons de la chaîne informationnelle et décisionnelle...

vendredi 9 octobre 2009

Le temps de l’innocence

Lorsque je discute avec des amis qui ont débuté dans la profession en même temps que moi, je m’aperçois que le temps de l’innocence est bel et bien révolu, pour eux comme pour moi.

L'avocat junior sait désormais que ses confrères sont parfois capables de (presque) tout pour donner gain de cause à leurs clients.
Il a appris à se méfier de ce que lui dit son propre client.

Il sait que les associés du cabinet attendent de lui un investissement maximum.
Il ressent bien la pression qu’il a sur les épaules.
Il trouve qu’il est payé peu eu égard aux heures qu’il consacre à son travail.

Il aspire à progresser encore plus vite.
Il perçoit mal le fait qu’après un an, il n’accède pas à plus de responsabilités.
Il aimerait travailler plus souvent sur des dossiers plus intéressants.

Il voudrait plaider toutes les affaires sur lesquelles il a travaillé.
Il souhaiterait être l’interlocuteur privilégié de tous les clients.

Il lui arrive de se demander si l’herbe n’est pas plus verte ailleurs.
Il se méfie néanmoins tant il entend parler de cabinets, parfaits sur le papier, dans lesquels l’ambiance est insupportable.
Il se demande parfois quand il pourra monter son cabinet avec des amis qui lui en parlent régulièrement.

L’avocat junior avec un an d’expérience est, à quelques exceptions près, un éternel insatisfait.

dimanche 4 octobre 2009

Transformer le plomb en or

Il y a des jours où traiter un dossier est moins évident que d'autres. Ce dossier vous est confié, on vous explique assez brièvement les faits, mais vous comprenez assez rapidement qu'en plus d'avoir tort, votre client est de mauvaise foi.

L'évidence étant, malgré le temps qui passe, toujours aussi difficilement contestable, vous vous raccrochez à votre rôle qui consiste à assurer au mieux la défense dudit client.

La détermination ne faisant pas tout, il faut ensuite trouver les arguments pour appuyer votre défense. C'est là que tout se complique. Il faut que les faits que vous contestez soient corroborés par des pièces, si vous voulez avoir une chance de convaincre le juge que votre client était dans son bon droit.

Quand ces éléments sont absents de votre dossier et que le client n'est pas en mesure de vous en apporter davantage (et pour cause), vous êtes condamné à faire de votre mieux avec les moyens du bord, en gardant tout de même à l'esprit qu'on ne peut pas non plus demander à un avocat de transformer le plomb en or...

jeudi 1 octobre 2009

Un an déjà !

Je fête, en ce début de mois d’octobre, ma première année de collaboration.

Un an après mes débuts, j’ai conscience d’avoir beaucoup appris, mais aussi d’avoir encore beaucoup à apprendre.

L’expérience aidant, je fais plus vite le travail que l’on me confie. J’ai l’impression que les associés du cabinet ont confiance en moi et en la qualité du travail que je leur rends. Je me dois donc de ne pas leur donner la moindre occasion de s’imaginer qu’ils ont tort de le penser.

Je développe peu à peu une clientèle personnelle qui m’apporte, outre un complément de rémunération, une satisfaction toute particulière.

Je garde à l’esprit que mon statut de collaborateur-junior est on ne peut plus précaire. D’autant plus quand je constate qu'en l’espace d’une année, la crise a eu raison des postes de quelques uns de mes amis et confrères.

Je m'aperçois que ce métier est formidable et passionnant quand il est exercé dans de bonnes conditions (cf. formation, considération et rémunération).

J’espère en cela que l’année à venir sera celle de la confirmation.

jeudi 24 septembre 2009

La maison n’accepte pas l’échec

Gagner et perdre font partie du quotidien d’un avocat. Il y a des affaires que l’on ne peut que perdre et pour lesquelles une condamnation faible constitue quasiment une victoire et celles qu’on ne pouvait que remporter tant la cause semblait entendue à l’avance.

À côté de cela, il existe une grande majorité de dossiers pour lesquels l’incertitude règne. Pour réduire cette incertitude au maximum et tenter d’emporter la conviction des juges, la solution tient souvent au temps que vous pouvez consacrer au dossier. La capacité à traquer les faiblesses des arguments du confrère implique de s’être imprégné suffisamment de la jurisprudence, de la doctrine ainsi que des différentes subtilités soulevées par l’affaire que l’on entend plaider. Le contentieux nécessite, par ailleurs, de connaître les multiples pièces du dossier de façon à être en mesure d’y dénicher le moindre élément en sa faveur.

Malgré toutes ces précautions, il arrive de perdre des dossiers que l’on pensait gagner, eu égard au fond de l’affaire, à nos arguments et à l’impression ressentie lors de l’audience de plaidoirie.

L’expérience des avocats les plus expérimentés permet à cet instant de relativiser quelque peu la situation. Ils sont assez prompts à vous rappeler les nombreux dossiers qu’ils ont gagnés en pensant les perdre et inversement.

La maison accepte donc l’échec ; reste le client qui, directement touché par cette défaite, ne peut, ni ne veut (et pour cause) faire preuve de la même mansuétude.

lundi 21 septembre 2009

« Essentiellement pour une question de principe »

Le recours à un avocat peut procéder d’une démarche complètement différente, selon le client qui vient vous voir.

Certains sont poursuivis devant les tribunaux et vous consulte parce que l’assignation qui leur a été délivrée les y oblige, alors que d’autres, quand ils sont demandeurs à l’action, le font parce qu’ils estiment qu’il ne doivent pas laisser « impuni » le préjudice qu’ils ont subi.

Certains d’entre eux ont clairement en tête le fait qu’intenter une action leur permettra d'obtenir d'une personne le paiement de dommages-intérêts significatifs, quand d’autres vous expliqueront que l’important n’est pas tant qu’ils obtiennent de l’argent, mais que cette personne soit condamnée à payer pour ce qu’elle a fait.

Même si je n’ai pas encore beaucoup d’expérience, je dirais qu’eu égard au coût généré par les honoraires d’un avocat, même si un client prétend qu’il souhaite intenter une action « essentiellement pour une question de principe », exception faite des affaires touchant au droit pénal, ce n’est en réalité que très rarement uniquement pour cette raison.

samedi 19 septembre 2009

L’importance d’être constant

J’ai déjà exprimé, à plusieurs reprises, l’idée selon laquelle ce métier demandait un investissement de tous les instants. Que plus vous faites du bon travail, plus les associés ont tendance à vous en confier. Ce qui va d’ailleurs de pair avec le fait que plus le cabinet est reconnu pour faire du bon travail, plus les clients affluent pour lui en confier et donc plus il y a de travail à redistribuer.

De plus, plus vous travaillez, plus vous facturez d’heures et plus il est facile d’atteindre les objectifs que vous a confiés le cabinet afin de pouvoir prétendre à un bonus en fin d’année.

Au-delà de ces considérations bassement matérielles, il faut néanmoins savoir bien doser son effort. Il arrive parfois que l’envie de bien faire vous pousse à accepter de faire tous les dossiers que l’on vous confie sans même prendre le temps de savoir si le tout est humainement faisable dans les délais impartis…

mardi 8 septembre 2009

De prime abord

Je rencontre assez souvent d'anciens camarades de promo et amis qui exercent la même profession que moi.
Ils travaillent dans des cabinets de toutes les tailles et ils dressent un portrait différent du métier selon la structure dans laquelle ils se trouvent.

Le petit cabinet est décrit comme celui qui ne peut fonctionner qu'en vous confiant d'emblée le maximum de dossiers et de responsabilités.
On prétend qu’il en est de même dans les cabinets de taille moyenne, à ceci près que la hiérarchie est plus marquée entre les associés et les collaborateurs.

Il reste enfin la grosse structure décrite comme celle au sein de laquelle cette hiérarchie atteint son paroxysme, le travail est intensif et où mieux vaut se préparer à exécuter des tâches ponctuels sur des bouts de dossiers.

Derrière cette vision évidemment trop générale pour couvrir toute la réalité du métier, il existe quelques exceptions comme celles de grosses structures organisées par petits départements au sein desquels les collaborateurs obtiennent assez rapidement de vraies responsabilités et celles de petits cabinets où les collaborateurs ne peuvent être les interlocuteurs directs des clients, respect du leadership de l’associé oblige.

Les conditions de travail dans un cabinet d'avocats sont quoi qu’il en soit déterminantes. Des conditions difficiles ajoutées à un métier exigeant par nature peuvent pousser assez rapidement un collaborateur junior à démissionner voire, dans les cas extrêmes, à changer de métier.

D'où l'intérêt de se renseigner sur la structure que vous comptez intégrer, en tentant d’aller au-delà de l'image qu'elle pourrait dégager de prime abord.

jeudi 3 septembre 2009

Le contrat de confiance

Je suis assez surpris de voir à quel point ce métier fonctionne sur la confiance que vous inspirez aux autres. J’ai déjà eu l’occasion de souligner le fait que plus les associés ont confiance en vous et plus votre charge de travail augmente.

La démarche est exactement la même vis-à-vis du client. Quand vous résolvez les problèmes qu’il se pose, que vous gagnez les affaires qu’il vous confie ou qu’il estime que vous défendez ses intérêts de la meilleure des façons, une relation de confiance finit par s’instaurer entre lui et vous.

À partir de cet instant, si tant est qu’il se pose le début d’une question juridique, c’est à vous qu’il la posera.

Cette relation de confiance entre le client et l’avocat fait partie des raisons pour lesquelles lorsqu’un associé qui travaille régulièrement pour un client décide de quitter un cabinet pour en rejoindre ou en fonder un autre, il n’est pas rare que le client décide de le suivre...au détriment de la structure dans laquelle il exerçait auparavant.

dimanche 30 août 2009

Évaluation des risques

J’ai une nette préférence pour le contentieux par rapport au conseil. Le fait d’être conduit à plaider régulièrement et à être confronté aux arguments du confrère adverse, est quelque chose qui me stimule.

Je pratique néanmoins le conseil avec de plus en plus de plaisir. Les recherches sont similaires à celles que j’effectue pour mener à bien une procédure judiciaire, à ceci près que, sauf le cas d’un cadre expérimenté ou d’un responsable juridique, votre interlocuteur est rarement un familier du droit. Il n’attend donc pas de vous l’ensemble des précisions techniques que vous opposeriez à un confrère.

Une consultation consiste donc bien souvent à donner un cadre juridique précis et clair à des questions factuelles posées par le client. Elle doit prendre en considération toutes les problématiques juridiques et tous les risques engendrés par les décisions que pourraient prendre par votre client.

Quand je rédige des consultations, je prends conscience des raisons pour lesquelles les contentieux sont si nombreux devant les tribunaux. Le recours au conseil d’un avocat pour valider des stratégies motivées par des raisons d’ordre économique est beaucoup trop rare…

jeudi 20 août 2009

Reprise d’activité

Quand vous travaillez dans un cabinet d’avocats, une bonne partie des 5 semaines de congé dont vous bénéficiez se prend pendant l’été.

Cela est notamment lié au fait que la période allant de la fin du mois de juillet à la fin du mois d’août correspond à ce que l’on appelle les vacances judiciaires, ou plus exactement à la période d’allègement. Comme son nom l’indique, à cette période, pour peu que votre activité soit tournée vers le contentieux, les tribunaux fonctionnent de façon considérablement réduite.

Les avocats en profitent donc pour partir en vacances, et ce, d’autant plus facilement que même si leur activité est liée au conseil, les particuliers et les DG des entreprises pour lesquels ils travaillent sont bien souvent, eux aussi, en vacances à ce moment-là.

Parce que ce métier vous oblige à tenter de prévoir l’imprévisible et à constamment vous attendre au pire, il est souvent convenu, quand les effectifs des cabinets le permettent, d’un roulement entre les avocats et associés du cabinet de façon à ce qu’il reste un ou plusieurs avocats aptes à répondre aux urgences des clients durant cette période.

Les vacances judiciaires sont souvent l’occasion, pour ceux qui travaillent au début du mois d’août, de découvrir ce à quoi correspond une activité réduite à son strict minimum. Vivement la reprise !

vendredi 7 août 2009

Information CAPITAL

J'ai lu récemment un article dont le titre m'a immédiatement interpellé. Il s'agissait d'un dossier, publié dans le magazine CAPITAL, intitulé " Trouver un bon avocat, mode d'emploi".

J'ai tenté de lire ce papier sans à priori ainsi qu'avec un minimum de recul, de façon à savoir un client pourrait y trouver des informations capitales dans sa quête de l'avocat idéal.

Mon bilan est globalement positif. "Dans quels cas privilégier un spécialiste à un généraliste ? Comment vérifier ses aptitudes ? Quel rapport entretenir avec lui ? Comment s'assurer qu'il se rendra disponible ?" sont des questions qu'un client peut légitimement se poser quand il confie son dossier à un avocat.

En revanche, laisser entendre au lecteur qu'il doit s'assurer auprès de son avocat, et ce, dès la première consultation, des plages horaires où il sera joignable, mais aussi qu'il peut lui demander son numéro de portable m'apparaît quelque peu audacieux.

Du haut de ma maigre expérience, je sais que rares sont les avocats capables de fixer à l'avance des plages horaires auxquelles ils seront disponibles et qu'un numéro de portable ne se donne que de façon très exceptionnelle au client.

dimanche 26 juillet 2009

En première ligne

Ces derniers temps, il m’arrive de travailler (supervisé en cela par un associé) plus particulièrement pour un client du cabinet. L’état de charge de l’associé qui gère ce client ne lui permet pas de lui répondre directement, alors même que ce client a régulièrement des questions à poser, eu égard aux nombreuses affaires dont il a confié la gestion au cabinet.

Il a été donc été convenu que c’est à moi que ce client doit s’adresser quand il a des questions tenant au suivi de ses affaires.

Le fait d’être l’interlocuteur privilégié d’un client est à la fois grisant et délicat.

C’est grisant parce que j’ai le droit et même le devoir de répondre aux questions, parfois complexes, que me pose le client tout en m’imposant auprès de lui comme un interlocuteur fiable et compétent.

C’est délicat parce que je me sais en première ligne si une erreur est commise ou si quelque chose d’inexact lui est indiqué.

Le fait de prendre en charge un client impose que je tienne donc régulièrement au courant l’associé de ce qui a été convenu avec ce client et de ce sur quoi je me suis engagé auprès de lui, mais aussi que je n’hésite pas à le consulter si j’estime que la question qui m’a été posée dépasse mon champ de compétence ou nécessite l’arbitrage de quelqu’un de plus expérimenté.

mardi 21 juillet 2009

C’est grave, Maître ?

A l’instar d’un patient qui viendrait voir son médecin pour être rassuré sur son état de santé, le client consulte un avocat avec l’espoir qu'il lui dise que la situation dans laquelle il se trouve n’est pas catastrophique.

Quand il fait cette démarche au motif qu’il a reçu une mise en demeure ou une assignation de la part d’un confrère, il a souvent toutes les difficultés du monde à cacher qu’il est très inquiet.
Même si la déontologie interdit à l’avocat de proférer des menaces (autre que celle consistant à indiquer qu’il est possible qu’il intente une action) à l’encontre de qui que ce soit, il est difficile de nier que le ton de la lettre de mise en demeure ou les demandes visées dans l’assignation contribuent très souvent à faire du client lambda qui en le destinataire, un individu convaincu que le ciel vient de lui tomber sur la tête.

C’est à la lumière des documents qu’il vous confiera et des faits qu’il vous décrira que vous pourrez diagnostiquer les chances qu’il a de s’en sortir à bon compte ainsi que la façon dont vous devrez vous y prendre pour obtenir ce résultat.

Hormis quelques cas liés notamment au droit pénal, il est finalement assez rare que le client sorte du cabinet encore plus inquiet qu’il ne l’était avant de rencontrer son conseil.
Ce qui ne veut pas, pour autant, dire qu'il en sort complètement rassuré...

jeudi 16 juillet 2009

Prioriser

Prioriser est l’un de ces termes que les associés des cabinets d’avocats utilisent souvent pour indiquer à leurs collaborateurs que même s’ils ont l’impression d’être débordés, ils pourront toujours s’en sortir grâce à un minimum de sens de l’organisation.

Ce néologisme qui signifie donner une plus grande importance à quelque chose ou à quelqu’un est, en effet, un mode de fonctionnement nécessaire pour quiconque travaille dans un cabinet d’avocats.

Parmi ce que l’on doit faire, il y a souvent des tâches et des dossiers à terminer de toute urgence, parce que le calendrier l’impose ou encore parce que le client (pressant et pressé) en a décidé ainsi, et d’autres qui peuvent être remis à plus tard parce que le client nous laisse plus de marge quant aux délais.

Le junior n’a souvent que peu de latitude puisque le travail lui vient très souvent de l’associé, lequel s’est préalablement chargé de déterminer ce qui est urgent de ce qui l’était moins.

L’étape ultime de la priorisation intervient néanmoins quand absolument tous les dossiers que vous êtes chargé de traiter sont à terminer de toute urgence et que, « contraint et forcé », vous décidez de prioriser le travail…au détriment de votre vie personnelle.

vendredi 10 juillet 2009

Le client est roi

La clientèle est une donnée importante dans un cabinet d’avocats. Sans elle, il n’y a pas d’affaires à traiter et donc pas d’argent qui entre.

Il est donc indispensable que les associés du cabinet la trouvent (sans pour autant la démarcher - puisque le démarchage est interdit aux avocats -), qu'ils la fidélisent afin qu’elle leur confie régulièrement des consultations et autres contentieux et, si possible, qu'elle parle autour d’elle des bons services rendus par le cabinet.

Par temps de crise, au-delà du fait d’avoir des clients, s’est rajoutée la difficulté de conserver ceux qui sont toujours solvables et donc en mesure d’honorer les factures d’honoraires qui leur seront adressées.

Un client qui, au final, ne paie pas est un client pour lequel on a travaillé et mobilisé du temps pour rien (du moins, d'un point de vue strictement comptable).

Le client est donc LA donnée fondamentale d’un cabinet, tout juste après les avocats qui le composent. Un avocat, aussi brillant soit-il, n’est finalement que peu de choses sans une clientèle qui contribue à assurer l’existence de son cabinet.

La crise est d’ailleurs venue rappeler, de façon assez brutale, ce principe essentiel à de nombreuses structures…

mardi 7 juillet 2009

Conseil en contentieux

Dans le cadre du contentieux, il n'est pas rare que le client soit désireux d'intenter une action alors même que le bien fondé de celle-ci est susceptible d'être combattu par des arguments de poids.

Certains prétendent que l'avocat aurait une fâcheuse tendance à pousser son client à aller devant les tribunaux quoiqu'il lui en coûte. Forts de leurs expériences respectives, les collaborateurs et associés qui exercent dans mon cabinet rappellent, au contraire, assez souvent à leurs clients les risques qu'ils encourent si l'action intentée s'avérait injustifiée. Notamment le paiement des frais d'avocats et des dépens ainsi que d'éventuels dommages- intérêts pour procédure abusive.

La position de l'avocat du demandeur (celui qui intente une action) est finalement moins simple qu'elle n'y parait de prime abord.

Elle oblige, en effet, l'avocat à décortiquer tout ce qui pourrait lui être opposé à un moment ou à un autre du procès, en se mettant, pour cela, dans la peau de son potentiel contradicteur.
De cette analyse découlera un conseil donné au client qui lui permettra de décider en toute connaissance de cause de la suite à donner à son affaire.

samedi 20 juin 2009

Quand le masque tombe

J'ai rencontré un personnage qui est pour beaucoup dans le fait que j'ai décidé, en janvier 2007, de créer mon premier blog et de poursuivre l'aventure avec celui-ci, juste après l'obtention du CAPA.

J'ai assisté hier soir à une séance de la conférence du stage du barreau de Paris. Les 12 secrétaires, de ce qui s'apparente à un concours d'éloquence, avaient decidé de faire de lui l'invité principal.

Les sujets étaient conçus sous forme de clins d'oeil. Le bâtonnier en exercice et certains candidats lui ont rendu un vibrant hommage.

Il a pris la parole en fin de séance pour rappeler, avec humilité et simplicité, les motivations qui étaient les siennes lors de la création de son blog, les raisons qui le poussent à rester anonyme et le plaisir qu'il éprouve à donner son avis d'avocat sur le monde qui l'entoure.

J'ai à peine pu l'apercevoir à visage découvert, mais je salue bien bas mon cher confrère...Eolas

mercredi 17 juin 2009

L’avocat, ça sert à ça

L'assistance d'un avocat est souvent obligatoire devant le tribunal de grande instance, devant la cour d'assises (du moins pour le prévenu), ainsi que dans certains cas devant le tribunal administratif et la cour administrative d'appel.

En revanche, elle reste facultative devant :

- le tribunal d'instance,
- le tribunal de commerce,
- le conseil des prud'hommes,
- le tribunal paritaire des baux ruraux,
- le tribunal de police,
- le tribunal correctionnel.

J’ai eu l’occasion de plaider plusieurs affaires devant certains de ces tribunaux. La dernière en date est symptomatique de l’utilité de l’avocat dans la défense des intérêts de son client. Il y avait face à moi une partie qui avait décidé de se défendre seule face aux demandes pourtant conséquentes formulées par mon client, par l’intermédiaire de mon cabinet.

Mon contradicteur, qui n’était pas du tout familier du langage juridique et de la procédure, a multiplié, sans vraiment s’en rendre compte, les impairs et les incompréhensions.

La volonté d'économiser des honoraires d'avocat qui lui semblait, de prime abord, être un bon calcul, lui coûtera probablement une lourde condamnation.

Nul doute que le recours au service d’un confrère lui aurait permis de limiter considérablement les dégâts.
J’en parle de façon d’autant plus objective qu’il était possible de m’opposer des moyens de procédure et des arguments qui ne figuraient pas (et pour cause) dans les conclusions de mon contradicteur.

Un avocat, ça sert (aussi) à ça…

dimanche 14 juin 2009

Un peu moins junior qu’à mes débuts

Même si je reste et je resterai collaborateur junior encore longtemps, force est de constater que les choses ont quelque peu évolué depuis mes débuts.

L’expérience aidant, je ressens moins le besoin de poser des questions aux avocats plus expérimentés que moi au sein du cabinet.
Il arrive même que l’on m’en pose en s’attendant à ce que je trouve la réponse grâce à mon intervention sur certains dossiers techniques.

Je suis beaucoup moins hésitant quand j’ai des clients au téléphone et je montre parfois une certaine assurance face à quelques-uns d’entre eux.

Je prends quelques initiatives que je n’aurais pas prises auparavant.
Je plaide plus donc j’appréhende de moins en moins LE moment de la plaidoirie.
Je plaide plus donc je m’habitue aux effets de manche et aux remarques parfois acerbes de mes contradicteurs.

Je me fais progressivement à l’idée qu’un avocat ne peut pas tout savoir, mais qu’à mesure que le temps passe, il en sait toujours plus.

vendredi 5 juin 2009

Un client pas comme les autres

Plusieurs clients personnels se sont adressés à moi, ces dernières semaines, tant pour du conseil que pour du contentieux.

Parce qu’il s’agit, comme leur nom l’indique, de clients personnels, ma façon de communiquer avec eux et de gérer leurs dossiers s’est avérée quelque peu différente de la manière dont je traite d’ordinaire les clients du cabinet.

Cette différence de traitement s’explique assez facilement. Mon client m’a comme unique intermédiaire là où le client du cabinet ne m’interroge que parce que l’un des associés du cabinet lui a précisé qu’en son absence, il avait la possibilité de me poser des questions ayant trait au suivi de son dossier.
Le collaborateur junior avec 8 mois d’expérience a, en effet, rarement la chance d'être l'unique interlocuteur d'un client du cabinet.

Mon client s’en remet à mon avis parce qu’il l’estime comme étant sûr. Cela implique donc que je sois particulièrement vigilant par rapport aux conseils que je lui donne. Ne serait-ce que parce que j’engage ma responsabilité professionnelle à chaque fois que je réponds à l’une de ses questions et que personne n’ira ensuite vérifier si ce que je lui ai indiqué est exact.

Mon client a également droit à un traitement particulier en termes de facturation. Le tarif horaire que pratique le cabinet ne lui est pas applicable. Ce client est bien souvent envoyé par un ami qui s’attend à ce que je lui fasse un prix en rapport avec cette amitié. Par ailleurs, ses capacités financières sont souvent inférieures à celles des sociétés et institutionnels qui s’adressent traditionnellement à mon cabinet. Il a donc droit à un forfait, là où mon cabinet n’applique le tarif forfaitaire qu’à titre exceptionnel et seulement aux plus généreux de ses clients.

Au final, le client personnel est peu rémunérateur, me fait travailler plus, mais me rapporte, outre quelques euros de plus à la fin du mois, la satisfaction, toute particulière, d’avoir l’impression d'être à la tête d'un mini-cabinet que je gère à ma façon.

lundi 1 juin 2009

Défendre à tout prix

Plaider devant des juges pour défendre un client n’a rien d’anodin. Cela demande un minimum de préparation puisque la conviction et l’application que vous mettrez dans votre plaidoirie seront déterminantes dans l’issue du procès.

Parce qu’il est irréaliste d’envisager exercer cette profession en ayant uniquement à défendre ceux qui ont raison face à ceux qui ont tort ou des victimes face à des "présumés coupables", il m’est arrivé à plusieurs reprises de me retrouver face à des juges en sachant que ce que j’allais soutenir ne pouvait les convaincre, tant les faits et le droit étaient défavorables à mes clients.

Il n’en reste pas moins que toute personne doit pouvoir se défendre en justice et pour cela être assisté par un avocat qui veillera notamment à que ces droits soient bien respectés.

Un avocat peut librement décider, pour des raisons qui lui sont propres, de ne pas défendre une personne qui s’adresse à lui, mais il a, dès l’instant où il accepte de la défendre devant les tribunaux, l’obligation de le faire avec sérieux, rigueur et détermination et ce, quoi qu’il en coûte.

Cet état de fait n’empêche cependant pas qu’il y a des jours où plaider est plus difficile que d’autres.

mercredi 27 mai 2009

Le privilège de l'âge

Plus le temps passe et plus il m'apparaît comme évident que l'un des éléments clef de ce métier tient dans le fait de savoir ménager les susceptibilités des uns et des autres.

Dans cette profession où l'ego est répandu il est, en effet, vivement déconseillé de dire ce que l'on pense au prétexte que cela correspondrait à la réalité.

Le cabinet d'avocats étant une structure dans laquelle la hiérarchie est assez marquée, il faut sans cesse garder à l'esprit qu'une idée, une suggestion ou une remarque, aussi légitime soit-elle, doit être dite avec tact aux confrères plus expérimentés.

L'associé peut se permettre d'être sincère, direct et froid avec ses collaborateurs là où le collaborateur (junior qui plus est) n'a droit à aucune saute d'humeur ni aucune remarque qui pourrait être interprétée d'une façon ou d'une autre comme désobligeante à l'égard de quelqu'un de plus expérimenté que lui.

Le collaborateur junior doit filer droit en attendant le jour où il pourra, à son tour, dire ce qu'il pense de la manière dont il jugera utile de le dire...

jeudi 14 mai 2009

Tant de cerveaux disponibles

Puisqu'elle est dans l'air du temps, je ne vois pas trop comment éviter de parler (une fois de plus) de ce sujet éminemment d'actualité qu'est la crise.

C'est donc la crise qui pousse de nombreux cabinets à ne plus recruter voire à remercier certains de leurs collaborateurs.

C'est la crise qui pousse les clients à reporter le paiement des honoraires d’avocats sine die voire à refuser de les régler.

C'est la crise qui oblige (permet ?) les associés à se séparer de leurs collaborateurs sans autre explication qu'un lapidaire : "Tu comprends, c'est la crise".

C'est la crise qui leur permet de demander à leurs collaborateurs d'accepter une réduction de 15 à 30% de leur rétrocession d'honoraires sans que ces derniers s'en offusquent. Conscients qu'ils sont qu'il vaut mieux travailler autant pour gagner moins, que ne pas travailler et donc ne rien gagner.

C'est la crise qui fait que le directeur de l'EFB nous annonçait récemment que (seuls) 600 élèves de notre promotion - sur la bagatelle de 1169 - avaient décroché une collaboration, alors même que dans 4 mois, une nouvelle promo de 1400 élèves obtiendra son CAPA et débarquera, à son tour, sur ce marché déjà saturé.

C'est la crise qui fait que des confrères acceptent des collaborations à mi-temps (faute de mieux) alors que d'autres se sont d'ores et déjà recentrés, pour les mêmes raisons, vers le métier de juriste d'entreprise.

C'est la crise qui fait que sur le marché du collaborateur, l'offre n'a probablement jamais été à ce point supérieure à la demande.

C'est elle qui fait que le temps de cerveau disponible du collaborateur est si bon marché et que tant de cerveaux sont disponibles…

lundi 11 mai 2009

Poker Face

Le métier d’avocat ne consiste pas seulement à défendre les intérêts d’un client en attaquant ceux qui lui font du tort ou, à l’inverse, à le défendre dans une action intentée par quelqu’un qui s’estime victime de ses agissements.

Il consiste aussi parfois à trouver un terrain d’entente afin d'éviter qu'une action soit engagée.

La transaction est un art assez subtil. La situation est toujours plus confortable quand on est celui qui a, sur le papier, toutes les cartes en main.

Reste que la transaction est une équation à plusieurs inconnues. Le côté aléatoire inhérent au contentieux devient, en effet, un argument de poids quand vient l’heure de négocier avec l’avocat de la partie adverse.

La crise aidant, l’avocat du demandeur peut être tenté d’obtenir, immédiatement, pour le compte de son client une somme significative plutôt que d’attendre, plusieurs mois, pour toucher devant les tribunaux une somme potentiellement plus conséquente.

L'intérêt d'une transaction pour celui qui versera la somme tiendra dans la différence entre la somme à laquelle il aurait pu être condamné et celle qu'il aura effectivement à verser dans le cadre du protocole transactionnel signé par les parties.

J’ai eu l’occasion de participer à quelques « négos » assez intéressantes depuis le début de ma collaboration.
Certaines d’entre elles m’ont convaincu du fait que la personnalité des avocats qui négocient a une grande importance est que comme en poker, il faut parfois amener son adversaire à croire que nos cartes sont meilleures que les siennes, pour remporter la mise.

lundi 4 mai 2009

Indispensable procédure

J'ai déjà parlé à de nombreuses reprises de l'importance de la procédure dans ce métier.

C'est notamment une connaissance pointue de celle-ci qui permet d'entrevoir une issue dans un dossier perdu d'avance et, à l'inverse, de tout perdre dans une affaire où la victoire nous tendait pourtant les bras.

Reste que la maîtrise des subtilités de la procédure est très souvent le fruit d'une longue expérience du contentieux.

L'un de mes profs à l'EFB n'arrêtait pas de dire que la procédure était très mal maîtrisée par les avocats et que ceux qui s'y connaissaient vraiment avaient un véritable boulevard devant eux.

Même si j'exerce ce métier seulement depuis 7 mois, tout porte à croire qu'il n'avait pas tort.

Je reste d'ailleurs toujours étonné de voir à quel point les avocats de mon cabinet qui peuvent se vanter de connaître la procédure sur le bout des doigts, pour l'avoir pratiquée depuis de nombreuses années, sont sollicités tant par leurs confrères novices en la matière (cf. moi) que par ceux spécialisés en matière de conseil, afin d'éviter autant que possible les mauvaises surprises propres au judiciaire.

lundi 27 avril 2009

Rien ne se perd…

Ma spécialité comporte des facettes assez vastes. Au début de ma collaboration, je m’estimais assez bon dans certaines d’entre elles mais plutôt inexpérimenté dans d’autres. Le hasard a voulu que j’intervienne, ces dernières semaines, essentiellement sur des dossiers propres à ces domaines que je maîtrisais mal.

Ce métier a ceci de fantastique qu’il vous oblige à vous plonger dans une documentation et dans des recherches les plus complètes possible pour tenter de combler au plus vite les lacunes qui peuvent être les vôtres.

Les enseignements tirés des affaires que vous avez à traiter seront à coup sûr réutilisables dans un avenir plus ou moins proche.

Le contentieux a d’ailleurs cette spécificité qui veut que vous puissiez vous enrichir des stratégies que vous établissez vous-même comme des arguments et fondements que le confrère adverse vous oppose.

Dans ce métier, comme dans d’autres, rien ne se perd puisque tout se transforme...

lundi 20 avril 2009

L’écho d’une crise qui fait déjà grand bruit

La crise fait parler dans toutes les professions et beaucoup dans la mienne. De nombreux papiers lui sont consacrés mais jusqu’ici très peu d’articles parlaient, en détails et sous la forme d'une enquête, des conséquences de la crise au sein des cabinets d’avocats.

« L’oubli » est désormais réparé avec un article paru la semaine dernière dans le quotidien « Les Echos ».

Vous en souhaitant bonne lecture

mercredi 15 avril 2009

L’offre, le client et la demande

Je participe à de plus en plus de rendez-vous clients et j’estime apprendre beaucoup à cette occasion. J’apprends qu’il convient d’écouter les demandes du client et de les re-orienter si celles-ci s’avèrent disproportionnées ou ne sont pas susceptibles d’être le fondement suffisant d’une action en justice.

J’apprends comment ménager ce client qui, une fois n’est pas coutume, n’a pas toujours raison.

Même si dans l’imaginaire collectif, l’avocat serait capable d’attaquer la terre entière à la condition que son client lui demande, la réalité veut que les actions intentées par l’avocat au détriment d’un droit positif et d’une jurisprudence pourtant contraire à la thèse qu’il souhaite défendre puissent lui valoir que son client engage ultérieurement sa responsabilité professionnelle.

Raison pour laquelle toutes les demandes du client ne peuvent être assouvies…Du moins, elles peuvent l’être à la condition que l’avocat ait bien informé son client des risques qu’il encourt à aller malgré tout jusqu’au bout.

J’apprends également lors de ces rendez-vous clients à quel point, outre un bon technicien du droit, le client apprécie d’avoir face à lui quelqu’un qui le rassure, le met à l’aise voire le faire (sou)rire.

Pour avoir assister à des rendez-vous clients avec des avocats plus ou moins à l’aise dans l’art de « recevoir », j’ai tendance à croire que le client à l’aise du début à la fin de l’entretien est souvent celui qui signe la convention d’honoraires qu’on lui adresse sans aller voir après si un autre confrère serait susceptible de mieux défendre ses intérêts. A l’inverse, j’ai vu au cours de mes stages des avocats tenir le discours juridique le plus exact possible à des clients qui, probablement refroidis par la froideur qu'ils semblaient dégager, décidaient pourtant de se passer de leurs services.

Je pense que de nombreux clients se rendent pour la première fois chez un avocat en espérant fortement y rencontrer un professionnel à l'image de l'avocat qu'ils ont pu voir dans des séries télés. Un homme sûr de lui, humble (sic), pragmatique, charismatique, volubile et décidé. Mais je me fais probablement des idées…

mardi 7 avril 2009

La loterie nationale

Cela fait quasiment 6 mois que je suis collaborateur. J’ai une bonne image générale des collaborateurs et associés du cabinet dans lequel j’exerce, beaucoup d’estime pour certains et de l’admiration pour d’autres.

Je reste quand même stupéfait quand je croise des camarades de promo. Certains me parlent de conditions de travail toutes plus « abracadabrantesques » les unes que les autres.

Hormis ceux qui n’ont pas encore trouvé (crise oblige) la moindre collaboration, quelques-uns de mes amis ont déjà changé une fois de cabinet depuis l’obtention de notre diplôme en octobre dernier.

Les raisons sont assez variées. Un patron exagérément sévère, des tâches confiées qui sont proches de celles que l’on confierait à une secrétaire, une ambiance pourrie, des factures d’honoraires réglées le 15 du mois suivant après les avoir quémandées plusieurs jours d’affilée, une pression de tous les instants, des horaires hallucinants, des semaines qui comptent 7 jours de travail effectif ou encore peu, voire aucune reconnaissance pour le travail abattu.

Je ne vis quasiment rien de tout cela, mais je comprends tout à fait que certains puissent, dans ces conditions, décider de jeter l’éponge et tentent d’aller voir si l’herbe est plus verte aillleurs.

Le principe voudrait que ceux qui cèdent sous la pression ne seraient finalement pas faits pour ce métier. Le problème est que ce métier se pratique de façon totalement différente d’un cabinet à l’autre et que la pression peut être quasi-inexistante dans l’un et omniprésente dans l’autre.

J’en avais parlé sur mon ancien blog
, mais je conseille vivement aux élèves-avocats qui sont aujourd’hui en stage final d'aller faire un tour sur le site stagescritics.com.

Même s’il est impossible de savoir si tout ce qui y est dit est vrai (anonymat oblige) la consultation de ce site devrait vous permettre d’être moins surpris par la réalité du métier lorsque viendra l’heure de devenir un collaborateur.

lundi 30 mars 2009

Surprise, surprises

Il y a des jours où vous pensez que ce métier est assez proche d’une science exacte. Qu’il suffit à votre adversaire de prendre les faits de les qualifier juridiquement de la manière qui lui semble la plus adéquate et que le juge se contentera de juger dans son sens.

Qu’en tant que demandeur ou défendeur, il suffira à votre confrère adverse de pointer du doigt une erreur qu’a pu commettre votre client pour que ce dernier soit débouté de toutes ses demandes.

Puis vient le jour du délibéré, vous vous rendez au Palais, vous lisez avec un stress non dissimulé la décision en commençant par la fin (impatient que vous êtes de lire l’essentiel à savoir le « Par ces motifs ») et vous découvrez que malgré les potentielles faiblesses de votre dossier, c’est bien votre argumentation qu’a retenue le juge et que ce dernier a fait droit à l’intégralité de vos demandes.

À cet instant, l’associé du cabinet le plus concerné par ce dossier (dont l’enjeu financier représente à peu de choses près 3 fois ce qu’il vous verse à l’année), éprouve les plus grandes difficultés à vous faire croire qu’il en vu d’autres dans sa carrière tant la joie (d’ordinaire très mesurée) se lit sur son visage. Il semble tellement heureux que vous avez, l’espace d’un instant, l’impression que vous pourriez lui demander n’importe quoi, cela vous serait immédiatement accordé.

La nouvelle se répand comme une traînée de poudres au sein du cabinet, tout le monde se félicite comme après une victoire de l’équipe de France de football suite à un match qui s’acheminait dangereusement vers un 0-0 et vous vous dîtes que ce métier peut vous offrir quelques jolies surprises.

vendredi 27 mars 2009

Plus vite que la musique

J’arrive dans une phase où tout s’accélère. Je me plais à croire que la phase dite d’observation est passée et que les associés du cabinet ont décidé de me jeter dans le grand bain.

Quoi qu’il en soit, au stade où j’en suis, je n’ai plus à gérer une ou deux affaires à la fois mais beaucoup plus. Assister aux entretiens clients ne suffit plus, il faut en plus de les préparer palier l’absence d’un associé et parfois s’apprêter à recevoir seuls les clients.

Le rythme s’accélère et les horaires s’en ressentent. Je finis donc un peu plus tard le soir mais le travail que l’on me confie a indéniablement plus de relief qu’à mes débuts.

Il faut donc aller vite tout en veillant à ne pas confondre vitesse et précipitation…

lundi 23 mars 2009

Formation continue

Un junior est, par définition, celui à qui il manque de l’expérience. Pour progresser, il doit pouvoir compter sur les plus expérimentés des collaborateurs et autres associés du cabinet dans lequel il exerce.

Parce que le temps est précieux, force est de constater qu'ils ont souvent peu de temps à consacrer à la formation des juniors de leurs cabinets. La formation d’un junior intervient donc majoritairement par l'intermédiaire des dossiers qu’il aura à traiter.

Votre formation tient notamment aux recherches que vous effectuerez afin de rédiger vos consultations ou vos conclusions mais découle aussi des contre arguments que vous lirez dans les écritures du confrère adverse.

Elle s’accentue quand l’associé qui corrige votre travail pointe du doigt les détails sur lesquels vous auriez dû insister, vos éventuelles lacunes, les réflexes que vous devriez avoir ou même (soyons fous) vos hypothétiques qualités rédactionnelles et organisationnelles.

A l’instar de l’adage qui veut qu’on puisse devenir forgeron à force de forger, la formation qui passe par le fait de déléguer au collaborateur la gestion pleine et entière des dossiers a le mérite de lui permettre d'apprendre en un temps record, avec toutefois l’écueil principal de le mettre dans une position assez inconfortable si le travail effectué n’est pas jugé à la hauteur des espérances.

lundi 16 mars 2009

Indispensable stagiaire

Le collaborateur junior que je suis n'a pas un accès privilégié à l'assistante. Elle est censée travaillée aussi pour moi mais le « aussi » fait toute la différence entre le principe et la réalité qui veut qu'elle n'ait pas le temps de gérer le travail que je pourrais être amené à lui confier.

Dans ces conditions, le stagiaire (que j'étais encore, il y a quelques mois de cela) se révèle d'une grande utilité. S'il n'est pas déjà pleinement dévoué à associé ou à un collaborateur plus expérimenté, c'est à lui que je peux confier le travail particulièrement chronophage qui ne serait pas rentable que je fasse.

Parce que je suis déjà passé par là, j'évite, autant que faire se peut, de confier aux stagiaires des tâches consistant uniquement à faire des recherches, des traductions et des photocopies.

Si je sais qu'il aura à m'aider dans un dossier, j'essaye de lui parler du fond de l’affaire, de mes choix et de mes interrogations afin qu’il évite de ressentir cette sensation propre à de nombreux stagiaires qui les poussent à croire qu’ils sont là, non pas pour apprendre et pour être formés, mais pour remplacer l’assistance débordée (ou absente) dans des tâches de secrétariat.

Un stagiaire s’avère très utile quand après une longue journée, je n’ai parfois plus la lucidité nécessaire pour faire correctement les dernières vérifications sur un dossier mais il l’est d'autant plus quand il vous donne un avis utile sur un dossier dont vous avez la charge, lui qui a bien souvent (exception faite du CAPA), les mêmes diplômes, le même âge et la même formation que vous.

lundi 9 mars 2009

Un métier formidable dans une conjoncture qui l’est moins

Actualité oblige, il m’arrive régulièrement de revenir sur la crise au sein des cabinets d’avocats, laissant parfois de côté le plaisir réel que j’éprouve à exercer ce métier.

Cette profession reste très agréable à exercer. Vous vous posez constamment des questions, vous tentez de trouver des réponses, vous cherchez à trouver des accords, vous recevez de nouveaux clients perdus qui vous demandent de les guider, vous répondez à de nouvelles questions et, cerise sur le gâteau, vous plaidez.

La plaidoirie est, pour l’heure, mon exercice favori. C’est ce moment où vous pouvez dire à haute voix ce sur quoi vous travaillez depuis des semaines face à des juges que vous devez absolument convaincre du fait qu’il n’y a qu’une seule et unique façon d'envisager cette affaire...La vôtre.

Il y a quelques jours, j'ai gagné la première affaire que j’ai eu à plaider pour le compte du cabinet. Assez égoïstement, j’ai donc la satisfaction d’avoir gagné la toute première affaire que j’ai eu à plaider dans ma carrière.

Même si j’ai appris à me méfier des bonnes impressions lors des audiences et à ne surtout pas vendre la peau de l’affaire avant que le verdict ait été prononcé, j’avais bon espoir que les juges fassent droit à mes demandes. Le sentiment que j’ai éprouvé en lisant la décision était assez unique.

J'ai à peine le temps de savourer cette victoire que mon calendrier de procédure me signale que cette affaire n’est que la première d’une longue série et que certains dossiers risquent malheureusement de ne pas connaître la même issue.

mercredi 4 mars 2009

Il se dit que…

Il se dit que la crise, dont tout le monde parle, provoque des charrettes de « licenciement » dans les gros cabinets d’avocats américains et français.

Il se dit que d’autres départs involontaires sont au programme dans le courant de cette année 2009 et que le climat devient délétère dans de nombreux cabinets.

Il se dit que les cabinets de moyennes et petites structures sont moins touchés que les autres.

Il se dit que les cabinets spécialisés dans le contentieux résistent très bien à l'inverse de ceux qui ont fait du conseil leur cœur de cible.

Il se dit d’ailleurs que le nombre de contentieux augmente de façon significative en période de crise.

Il se dit que les diplômés du CAPA n’ont jamais éprouvé autant de difficultés à trouver une collaboration après l’obtention de leur diplôme que ceux de la promo 2008.

Il se dit que le fait que vous fassiez un bon ou mauvais travail n’y changera rien puisque si votre cabinet est en grave difficulté, il devra tôt ou tard se délester d’un certain nombre de ses collaborateurs et associés au motif que sa survie en dépend.

Il se dit également qu’à l’image des banques et autres sociétés du CAC 40, certains structures virent des collaborateurs alors qu’elles restent largement bénéficiaires et ce, uniquement pour protéger leurs bénéfices et autres bonus.

Il se dit que les collaborateurs des cabinets ont plus de travail maintenant que les équipes des cabinets ont été considérablement réduites sans pour autant que les affaires à traiter aient suivi le même chemin.

Comme souvent, il se dit beaucoup de choses. Comme à chaque fois, certaines sont vérifiables quand d’autres ne le sont pas.

vendredi 27 février 2009

À la poursuite du temps passé

L’une des choses les plus surprenantes quand on intègre un cabinet d’avocats, c’est cette impression étrange que l’on n’est plus vraiment maître de son temps.

Les urgences, qui ne s’annoncent guère à l’avance, sont souvent responsables du fait que vous soyez retenu au cabinet plus longtemps que prévu un soir où vous aviez justement prévu tout autre chose (un concert, un dîner, un apéro, etc).

Même si je m’estime, sur ce point, bien loti, certains de mes camarades de promo sont déjà surpris de la cadence imposée par les cabinets qui les emploient. Dire qu’ils entament le week-end en étant lessivés est en dessous de la vérité. Certains n’ont parfois même pas de week-end pour souffler puisque le week-end, ils sont au cabinet.

L’équation est (à quelques exceptions près) souvent la même : plus vous êtes payés plus on attend de vous en termes de temps de travail...et de disponibilité. Je précise "disponibilité" parce qu’il y a souvent dans certains cabinets de la place, une culture de la présence qui entre en ligne de compte. Chez certains d’entre eux, vous êtes « prié » de rester alors même que vous n’avez plus rien à faire et ce, tout simplement parce qu’il est mal vu de partir avant 22h.

Certains de mes camarades de promo, qui ont la chance d’être payés près de 6000 euros brut (hors TVA) par mois, ont pu constater ce que pouvait (aussi) être la vie d’un collaborateur junior. Une disponibilité pour le cabinet qui augmente à mesure que le temps pour leurs amis se réduit comme peau de chagrin.

Dans ce cas de figure, la frustration intervient assez rapidement. Puisqu’il devient impossible de garantir à votre entourage que vous serez à l’heure dite à tel ou tel endroit de Paris pour dîner ou boire un verre, les annulations de soirée ne tardent pas à se multiplier quand les invitations se réduisent d’autant.

En définitive, sauf à être votre propre patron ou à bosser dans l’un des (trop rares ?) cabinets parisiens au sein desquels il est acquis qu’un collaborateur doit également avoir du temps pour une vie privée (en dehors dudit cabinet), vous pouvez vous attendre à en baver, ce qui, paraît-il, fait (aussi) partie du métier...

samedi 21 février 2009

Montée d’adrénaline

La pression monte quand les délais sont courts, que l’audience approche à grands pas, que vous demandez au client une pièce maîtresse qui n’arrive (décidément) pas et que vous attendez que l’associé avec lequel vous travaillez ait (enfin) le temps matériel de vous relire avant de communiquer pièces et conclusions.

Elle l’est d’autant plus quand l’affaire urgente sur laquelle vous travaillez est jugée moins urgente que celle de l’associé qui à la charge de vous relire, qu’aucune assistante n’est disponible pour vous donner un coup de main (parce qu’elles travaillent en priorité pour des associés déjà débordés) qu’une nouvelle affaire nécessite que vous assistiez à un premier rendez-vous client interminable et que les délais (déjà courts) vous obligent à rester beaucoup plus tard au cabinet qu’à l’accoutumée.

La montée d’adrénaline intervient le jour de l’audience, quand votre confrère s’aperçoit que vous êtes prêt à plaider, que vos écritures (revues et corrigées par l’associé) laissent apparaître des arguments en béton armé et que l’assurance dont vous faites preuve vous permet de percevoir en lui le doute s’installer.

Même si la suite s’est révélée conforme à l’impression laissée, j’ai tiré comme leçon de ces dernières semaines pour le moins agitées le fait que le métier d’avocat nécessitait outre une capacité réelle à s’adapter aux imprévus ainsi qu'aux situations d’urgences, une prédisposition à supporter la pression qui les accompagne.

jeudi 12 février 2009

Défendre « l’indéfendable »

Quand j’étais encore adolescent, je pensais naïvement qu’un bon avocat était un avocat qui ne perdait aucune affaire.

La réalité s’est vite révélée complètement différente et la raison est simple.

Sauf à sélectionner votre clientèle (ce qui, je le rappelle, « ne se fait pas, surtout en temps de crise »), vous risquez fortement de vous trouver (d’autant plus quand le cabinet dans lequel vous exercez à bonne réputation) dans le cas de figure où vous aurez défendre des personnes qui s’adresseront à vous en étant convaincues que vous pourrez trouver LA solution à leur problème voire faire des miracles alors même que les faits, le droit positif et la jurisprudence leur donnent approximativement 0,0000001% de chances de s’en sortir.

Si ce cas de figure se présente, la déontologie et l’honnêteté intellectuelle auxquelles vous êtes tenu vous imposent d’expliquer à votre client les chances réelles qu’il a d’obtenir gain de cause.

Si gagner n’est plus envisageable, plusieurs possibilités s’offrent à vous :

- Celle de la transaction sur la base du fameux adage « un mauvais arrangement vaut mieux qu’un bon procès ».

- Celle de la défense devant les tribunaux en tentant de tordre les faits, le droit et les concepts pourtant bien établis tout en donnant du relief à une jurisprudence (malheureusement) isolée.

Dans ce dernier cas, votre objectif est en fait très simple…limiter les dégâts.

mardi 10 février 2009

4 mois déjà

Cela fait donc quatre mois que je suis devenu un collaborateur junior. Ce n’est pas assez longtemps pour faire un vrai bilan mais assez pour faire part de mes impressions.

J’ai donc l’impression qu’on ne s’est pas moqué de moi et que ce que l’on m’avait promis au moment de l’entretien m’a réellement été offert ou confié.

Je suis plutôt satisfait de la formation qui m'est dispensée, la rémunération est correcte (sans être extraordinaire), les horaires sont conformes à ce qui m'avait été annoncé et il m’a été donné l’occasion de plaider à plusieurs reprises. Je suis associé pleinement à la gestion des dossiers et je n’ai donc pas (comme c’est parfois le cas en cabinet d’avocats) à gérer bout de dossier après bout de dossier.

J’aurai de toute façon du mal à me plaindre de mon sort alors même que je constate à quelle sauce sont mangés certains de mes camarades de promo. Patrons cyclothymiques, promesses non tenues ou encore ambiance délétère entraînant des départs plus ou moins volontaires. Je suis d’autant plus satisfait de mon sort quand je vois la difficulté qu’éprouvent certains d’entre eux à décrocher une collaboration en cette période de crise, synonyme de ralentissement voire de gel des recrutements…

samedi 31 janvier 2009

Sous l’eau

Plusieurs urgences (Urgence n.f. Nécessité d'agir vite) viennent de se signaler en même temps au sein du cabinet.

Une urgence naît quand un ou plusieurs clients vous sollicitent pour que vous rendiez une ou plusieurs consultations dans les plus brefs délais sur des points juridiques précis parce qu'une partie de leur modèle économique dépend de la réponse aux questions qu'ils vous posent. La consultation étant dans ce cas le probable préalable à un contentieux voulu ou subi par ledit client.

En effet, en matière de contentieux (n.m. Désigne l'ensemble des litiges relevant d'un tribunal ou d'un ensemble de juridiction), l’urgence peut s’avérer encore plus problématique. Dans ce type d’affaire, votre client est beaucoup plus tendu quand il s'adresse à vous. Il vous sollicite parce qu’il veut que vous défendiez ses intérêts en assignant une société ou un particulier ou parce qu’il souhaite que vous le défendiez au motif qu’il vient d’être assigné.

L’assignation (n.f. Acte de procédure civile qui permet à une personne (le demandeur) d'informer son adversaire (le défendeur) qu'elle engage un procès contre lui et l'invite à comparaître devant une juridiction) peut être « classique » quand elle implique vous vous constituiez pour le compte de votre client et que vous échangiez, sous le contrôle d’un juge de mise en état, des conclusions avec votre confrère adverse pendant parfois plusieurs mois avant qu’une audience de plaidoirie ne soit programmée.

L’affaire se complique quand sur autorisation du président du tribunal, le demandeur décide d’assigner votre client à jour fixe et même à heure fixe, sur autorisation du juge des référés.

Dans ce cas de figure, votre confrère adverse vous oblige à réagir dans un temps record, en lisant, analysant et décortiquant les nombreuses pièces et conclusions fournies qu’il produit à l’appui de sa demande car, cette fois, l’audience de plaidoirie aura lieu dans un temps très rapproché. Plusieurs semaines tout au plus.

Quand les collaborateurs et associés du cabinet étaient déjà tous débordés avant même que ces clients ne les sollicitent et que l’une des questions juridiques posées par ces demandes de consultations urgentes ou par ces assignations à jour fixe concerne directement le domaine de compétence de votre département, cela fait immédiatement de vous un homme…sous l’eau.

mercredi 28 janvier 2009

Dans la peau d'un plaideur

Depuis mon arrivée au cabinet, j’ai eu, outre quelques consultations à réaliser, de nombreux dossiers contentieux sur lesquels travailler. Certains arrivent en ce moment dans la période où ils vont devoir faire l’objet d’une plaidoirie.

Même s’il est rare de plaider quand on est un jeune junior (sic), un mélange de concours de circonstances (l’absence d’un collaborateur) et d'insistance de ma part m’a permis d’avoir la chance de plaider deux affaires.

Cette semaine, j'ai plaidé une troisième affaire qui m’a finalement donné l’impression d’être la première. Concernant les deux autres dossiers, je suis en effet arrivé au cabinet à un stade où ils étaient déjà bien avancés et où l’essentiel des éléments de fond du dossier avait été discuté.

Cette fois, les moindres mots, (piques) et autres répliques étaient de moi, ce qui rendait l’exercice de plaidoirie d’autant plus intéressant.

Même si je ne me considère pas comme quelqu’un de particulièrement timide, j’avoue qu’avant de prendre la parole, j’ai senti un stress (inhabituel) m’envahir à l’idée de devoir parler devant les juges, en présence de mon client ainsi que devant un public de curieux venu pour l’occasion. (Certaines chambres du TGI de Paris étant souvent fréquentées par des personnes qui assistent aux audiences comme elles iraient voir un film au cinéma).

Mais passé cet instant de doute, la « machine » a fini par se mettre en route, les mots se sont enchaînés, le ton est devenu plus sûr et les jeux de manches (et de mots) se sont faits plus réguliers.

L'instant qui a suivi cette plaidoirie, je n'ai pu m’empêcher de me dire que c’est (aussi) pour vivre ces moments là que j'ai voulu devenir avocat…

mercredi 21 janvier 2009

CON-FRA-TER-NI-TE

Plus le temps passe et plus j’apprends des avocats de mon cabinet et des confrères adverses.

La déontologie veut que l’avocat de la partie adverse ne soit pas un adversaire mais un confrère, soit un membre de cette grande famille qu’est l’Ordre des avocats du Barreau dont vous faites partie. La confraternité impose que vous vous comportiez à son égard avec courtoisie. Il doit y avoir de la considération des jeunes envers les anciens et une bienveillance de ces mêmes anciens à l’égard de leurs jeunes confrères.

Voilà pour le principe. En pratique, j’ai pu constater pendant mes stages que la confraternité n’empêchait pas les conclusions envoyées volontairement à la dernière minute ou très tard le soir, la veille d’une audience.

J’ai pu m’apercevoir également (et c’est là quelque chose que les clients ont souvent un peu de mal à comprendre) que les avocats qui s’affrontent avec véhémence devant le tribunal peuvent être les meilleurs amis du monde et tombés quasiment dans les bras l’un de l’autre l’instant qui suit le moment où le juge lève l’audience.

Les avocats d’expérience ont parfois tendance à conseiller aux plus jeunes de se méfier de la confraternité trop affichée du confrère adverse qui précède souvent le coup bas auquel on ne s’attend pas.

Avant même que la pratique finisse par m'en apprendre plus sur ce point, je me tiens donc sur mes gardes…fort des témoignages des « sages » qui m’entourent.

mercredi 14 janvier 2009

Le cercle vertueux

Le travail d’un collaborateur réputé comme différent de celui d’un associé (certains prétendant, à tort ou à raison, que ce dernier passe plus de temps à dénicher de nouveaux clients qu’à travailler sur les dossiers du cabinet) est par moment similaire, du moins quant à ses conséquences.

Quand un cabinet se fait connaître auprès de clients potentiels pour son expertise ou son professionnalisme, les associés du cabinet se voient solliciter de toutes parts par lesdits clients. À partir de cet instant, leur boulot consiste à déterminer si le travail demandé est réalisable, si oui en combien de temps et enfin, combien il est raisonnable de facturer ledit travail.

L’effet pervers du bouche-à-oreille en faveur d’un cabinet est qu’il arrive souvent que les dossiers s’accumulent et comme il est de jurisprudence constante que « le travail ne se refuse pas » (surtout en temps de crise), c’est au final les collaborateurs et dans une moindre mesure les associés qui se retrouvent à devoir gérer ce travail « surabondant ».

Ce cercle vertueux ou vicieux (tout dépend de quel côté on se place) a son équivalent chez les collaborateurs.

Quand un associé s’aperçoit qu’un collaborateur rend dans les temps voire plus tôt que prévu un travail correct et soigné, il est tenté de lui déléguer progressivement toujours un peu plus du travail dont il est déjà lui-même surchargé ou qu’il aurait d’ordinaire confié à un autre collaborateur du cabinet. La confiance placée en ce collaborateur a donc pour conséquence directe de lui donner plus de travail sur lequel il se devra d’être irréprochable.

De la même façon que le bouche-à-oreille étroitement lié à l’écho qu’auront eu les affaires ou les dossiers sur lesquels le cabinet est intervenu qui a pour conséquence directe que de nouveaux clients le sollicitent, l’idée qui circulera dans le cabinet que vous êtes efficace dans les dossiers que l’on vous confie aura, à très court terme cette fois, un effet direct sur votre charge de travail.

Ou travailler plus pour gagner plus…d’affaires sur lesquelles travailler…

vendredi 9 janvier 2009

« Dites-moi, vous êtes sur quoi en ce moment ? »

Ce qui est intéressant quand on est dans un cabinet d’avocat depuis bientôt 3 mois c'est que l'on commence à connaître les habitudes de langage des uns et des autres.

Certaines sont propres aux avocats de mon cabinet quand d'autres sont les phrases classiques prononcées par tous les avocats associés de cabinet de moyenne ou grande taille.

Quand un avocat sait pertinemment que vous avez du travail et que ce travail vous prend déjà du temps ; quand il vient vers vous, il commence par vous dire « Dites-moi, vous êtes sur quoi en ce moment ? »

Une question censée laisser entendre qu'il se soucie de savoir ce que vous faites et si ce qu'il s’apprête à vous confier ne vous surchargera pas outre mesure.

La particularité de cette situation tient au fait qu'en réalité, à partir du moment où l'associé vient vous voir pour vous poser cette question (alors même qu'il vous sait débordé par le travail qu'il vous a lui-même confié ou qui vous a été confié par un autre associé du cabinet) c'est, à une exception près, qu'il finira, quelle que soit votre réponse, par vous confier le dossier urgent qu’il avait l’intention de vous communiquer.

La seule exception à ce « principe » tient au fait que vous ayez une urgence à gérer encore plus urgente que la sienne qui vous ait été confiée (sans qu’il en ait été informé), et ce, par un autre associé du cabinet…

Auquel cas, il demandera à un autre collaborateur de s’en occuper…

vendredi 2 janvier 2009

Quid de la clientèle personnelle ?

Il s’agit de l’une de mes nombreuses résolutions de l’année. Trouver du temps pour développer de la clientèle personnelle.

Mon état d’esprit est différent de celui de certains de mes jeunes confrères. D’aucuns prétendent (à juste titre ?) qu’un avocat est avant tout un juriste et que de ce fait, ignorer une potentielle clientèle personnelle au motif qu’elle ne s’inscrit pas directement dans notre domaine d’intervention, n’a pas de sens voire serait contre nature.

Un avocat serait avant tout un généraliste qui, par la force des choses et du fait de la clientèle qui se présente devant lui, deviendrait au fil du temps plus ou moins spécialistes de telles ou telles matières.

Ma conception est pour l’heure quelque peu différente. Je reconnais qu’il est possible avec un bon ouvrage et des recherches approfondies de répondre à des questions plus ou moins précises et d’intervenir dans un domaine qui n’est pas le mien, mais le temps que cela me prendra par rapport à un spécialiste de la matière (4 fois plus ?) me fait me dire que j’éviterai (du moins dans un premier temps) de m’y frotter.

Pour ce qui est de la clientèle qui me demanderait d’intervenir dans ma spécialité, je suis de plus en plus impatient d’y être confronté, même si une certaine appréhension se fait tout de même sentir.

L’avocat, aussi bien dans les conseils qu’il offre que dans les affaires sur lesquelles il intervient, peut voir engager sa responsabilité professionnelle et sera jugé en permanence par le client aussi bien sur la qualité des projets de consultation et de conclusions qu’il lui remet.

Lorsque vous intervenez dans des affaires pour le compte du cabinet qui vous paie, votre travail est relu, corrigé et validé par quelqu’un de plus expérimenté que vous. Quand vous intervenez pour le compte d’un client personnel, vous travaillez sans filet.

Ainsi, développer très tôt une clientèle personnelle n’a rien d’anodin pour un avocat collaborateur junior. Ce qui rend finalement le défi d’autant plus intéressant à relever…