lundi 26 octobre 2009

Un statut à part

Le statut d’avocat-collaborateur libéral est particulier. Il permet de travailler pour un patron (un cabinet qui vous verse chaque mois une rétrocession d’honoraires), tout en vous offrant (ce sont les textes qui le disent) le droit d’utiliser les moyens du cabinet ainsi que de prendre du temps pour développer votre clientèle personnelle.

En pratique, cela signifie que vous pouvez notamment recevoir vos propres clients dans les locaux du cabinet et vous absenter les jours où vous allez plaider pour ces clients devant les tribunaux de France et de Navarre.

Toujours en pratique, il est difficile de nier que selon le cabinet dans lequel vous travaillez et l’état d’esprit de ceux qui le dirigent, vous vous retrouverez, soit encouragé à développer ladite cliente (c’est rare) soit réellement découragé de le faire (c’est plus fréquent).

La volonté de décourager le développement de la clientèle personnelle peut s’exprimer directement ou indirectement.
C’est direct, quand les associés font comprendre à leurs collaborateurs qu’il est interdit d’en avoir et que le travail à faire pour le cabinet doit être leur unique priorité.
C’est indirect, quand les horaires imposés au sein du cabinet font qu’il devient difficile de trouver du temps pour recevoir sa clientèle et développer du temps pour elle.

A côté de statut d’avocat libéral, il est possible d’exercer en tant qu'avocat-collaborateur salarié. Ce statut qui présente les avantages classiques du salariat a aussi le mérite de la clarté puisqu’il oblige l’avocat à se consacrer exclusivement au traitement des dossiers qui lui sont confiés pendant l’exécution de son contrat de travail ainsi qu’à la commission d’office et les missions d’aide juridictionnelle pour lesquelles il aura été désigné.

Est-il pour autant enviable ?
Certains vous diront qu’entre avoir un droit dont ils ne peuvent pas profiter et ne pas avoir le droit de l’exercer en profitant d’une contrepartie financière et sociale, ils n’ont pas hésité bien longtemps...

lundi 19 octobre 2009

Souviens-toi l’été dernier

Les résultats d’examen de la promotion Abdou DIOUF (2008-2009) sont tombés la semaine dernière. Quelques-uns de mes amis sont issus de cette promotion. Certains ont d’ores et déjà trouvé une collaboration alors que d’autres passent en ce moment des entretiens qu’ils espèrent voir déboucher sur quelque chose de concret.

Je vois dans quelques-unes des questions qu’ils se posent quant à leur avenir, celles que j’ai pu moi-même me poser, il y a plus d’un an.

Ai-je fait le bon choix de collaboration ?
Dois-je faire primer le montant de la rétrocession d’honoraires sur la qualité de la formation ou l’inverse ?
Suis-je prêt à accepter n’importe quelle condition de travail au prétexte qu’en temps de crise, il est mal vu de se plaindre, alors même qu’on a du travail ?

Quand ils me demandent mon avis, je leur réponds qu’il est préférable d’opter pour le choix qui procurera immédiatement le moins de regrets, tout en leur précisant que l’un des avantages de ce métier est, qu’une fois que l’on est mis en situation, on trouve assez rapidement les réponses aux questions que l’on se pose…

jeudi 15 octobre 2009

Une pierre à l'édifice

Même s'il paraît plus évident qu'un junior apprenne plus régulièrement des choses dont il n'avait pas connaissance qu'un associé ou un senior plus expérimenté que lui, il arrive que ledit junior soit la source d'informations capitales, et ce, ne serait-ce pas parce que c'est lui, aidé en cela par des stagiaires et d’autres juniors du cabinet, qui s'occupe de la revue de presse juridique.

Mis à part ce cas de figure, il se peut (même si c'est beaucoup plus rare) que des points de droit et de procédure un peu plus flous soient résolus en grande partie grâce à l'intervention tenace d'un junior.

À y regarder de plus près, ce n'est pas aussi surprenant que cela. Le junior, eu égard à son coût et à disponibilité, est celui qui peut passer le plus de temps à faire des recherches, à analyser le fond d'un dossier et à s'interroger sur certains arguments opposés par les confrères adverses.

La répartition des tâches propre à certains cabinets d'avocats laisse donc la possibilité au collaborateur junior d'apporter une contribution significative dans la résolution des problématiques liées aux dossiers du cabinet.

Tout dépendra en réalité de la politique du cabinet à l'égard des juniors et du fait de savoir s'il les considère comme des "stagiaires 2.0" qui font des recherches, portent la robe et peuvent donc aller aux audiences de procédures ou comme de véritables maillons de la chaîne informationnelle et décisionnelle...

vendredi 9 octobre 2009

Le temps de l’innocence

Lorsque je discute avec des amis qui ont débuté dans la profession en même temps que moi, je m’aperçois que le temps de l’innocence est bel et bien révolu, pour eux comme pour moi.

L'avocat junior sait désormais que ses confrères sont parfois capables de (presque) tout pour donner gain de cause à leurs clients.
Il a appris à se méfier de ce que lui dit son propre client.

Il sait que les associés du cabinet attendent de lui un investissement maximum.
Il ressent bien la pression qu’il a sur les épaules.
Il trouve qu’il est payé peu eu égard aux heures qu’il consacre à son travail.

Il aspire à progresser encore plus vite.
Il perçoit mal le fait qu’après un an, il n’accède pas à plus de responsabilités.
Il aimerait travailler plus souvent sur des dossiers plus intéressants.

Il voudrait plaider toutes les affaires sur lesquelles il a travaillé.
Il souhaiterait être l’interlocuteur privilégié de tous les clients.

Il lui arrive de se demander si l’herbe n’est pas plus verte ailleurs.
Il se méfie néanmoins tant il entend parler de cabinets, parfaits sur le papier, dans lesquels l’ambiance est insupportable.
Il se demande parfois quand il pourra monter son cabinet avec des amis qui lui en parlent régulièrement.

L’avocat junior avec un an d’expérience est, à quelques exceptions près, un éternel insatisfait.

dimanche 4 octobre 2009

Transformer le plomb en or

Il y a des jours où traiter un dossier est moins évident que d'autres. Ce dossier vous est confié, on vous explique assez brièvement les faits, mais vous comprenez assez rapidement qu'en plus d'avoir tort, votre client est de mauvaise foi.

L'évidence étant, malgré le temps qui passe, toujours aussi difficilement contestable, vous vous raccrochez à votre rôle qui consiste à assurer au mieux la défense dudit client.

La détermination ne faisant pas tout, il faut ensuite trouver les arguments pour appuyer votre défense. C'est là que tout se complique. Il faut que les faits que vous contestez soient corroborés par des pièces, si vous voulez avoir une chance de convaincre le juge que votre client était dans son bon droit.

Quand ces éléments sont absents de votre dossier et que le client n'est pas en mesure de vous en apporter davantage (et pour cause), vous êtes condamné à faire de votre mieux avec les moyens du bord, en gardant tout de même à l'esprit qu'on ne peut pas non plus demander à un avocat de transformer le plomb en or...

jeudi 1 octobre 2009

Un an déjà !

Je fête, en ce début de mois d’octobre, ma première année de collaboration.

Un an après mes débuts, j’ai conscience d’avoir beaucoup appris, mais aussi d’avoir encore beaucoup à apprendre.

L’expérience aidant, je fais plus vite le travail que l’on me confie. J’ai l’impression que les associés du cabinet ont confiance en moi et en la qualité du travail que je leur rends. Je me dois donc de ne pas leur donner la moindre occasion de s’imaginer qu’ils ont tort de le penser.

Je développe peu à peu une clientèle personnelle qui m’apporte, outre un complément de rémunération, une satisfaction toute particulière.

Je garde à l’esprit que mon statut de collaborateur-junior est on ne peut plus précaire. D’autant plus quand je constate qu'en l’espace d’une année, la crise a eu raison des postes de quelques uns de mes amis et confrères.

Je m'aperçois que ce métier est formidable et passionnant quand il est exercé dans de bonnes conditions (cf. formation, considération et rémunération).

J’espère en cela que l’année à venir sera celle de la confirmation.