vendredi 27 février 2009

À la poursuite du temps passé

L’une des choses les plus surprenantes quand on intègre un cabinet d’avocats, c’est cette impression étrange que l’on n’est plus vraiment maître de son temps.

Les urgences, qui ne s’annoncent guère à l’avance, sont souvent responsables du fait que vous soyez retenu au cabinet plus longtemps que prévu un soir où vous aviez justement prévu tout autre chose (un concert, un dîner, un apéro, etc).

Même si je m’estime, sur ce point, bien loti, certains de mes camarades de promo sont déjà surpris de la cadence imposée par les cabinets qui les emploient. Dire qu’ils entament le week-end en étant lessivés est en dessous de la vérité. Certains n’ont parfois même pas de week-end pour souffler puisque le week-end, ils sont au cabinet.

L’équation est (à quelques exceptions près) souvent la même : plus vous êtes payés plus on attend de vous en termes de temps de travail...et de disponibilité. Je précise "disponibilité" parce qu’il y a souvent dans certains cabinets de la place, une culture de la présence qui entre en ligne de compte. Chez certains d’entre eux, vous êtes « prié » de rester alors même que vous n’avez plus rien à faire et ce, tout simplement parce qu’il est mal vu de partir avant 22h.

Certains de mes camarades de promo, qui ont la chance d’être payés près de 6000 euros brut (hors TVA) par mois, ont pu constater ce que pouvait (aussi) être la vie d’un collaborateur junior. Une disponibilité pour le cabinet qui augmente à mesure que le temps pour leurs amis se réduit comme peau de chagrin.

Dans ce cas de figure, la frustration intervient assez rapidement. Puisqu’il devient impossible de garantir à votre entourage que vous serez à l’heure dite à tel ou tel endroit de Paris pour dîner ou boire un verre, les annulations de soirée ne tardent pas à se multiplier quand les invitations se réduisent d’autant.

En définitive, sauf à être votre propre patron ou à bosser dans l’un des (trop rares ?) cabinets parisiens au sein desquels il est acquis qu’un collaborateur doit également avoir du temps pour une vie privée (en dehors dudit cabinet), vous pouvez vous attendre à en baver, ce qui, paraît-il, fait (aussi) partie du métier...

samedi 21 février 2009

Montée d’adrénaline

La pression monte quand les délais sont courts, que l’audience approche à grands pas, que vous demandez au client une pièce maîtresse qui n’arrive (décidément) pas et que vous attendez que l’associé avec lequel vous travaillez ait (enfin) le temps matériel de vous relire avant de communiquer pièces et conclusions.

Elle l’est d’autant plus quand l’affaire urgente sur laquelle vous travaillez est jugée moins urgente que celle de l’associé qui à la charge de vous relire, qu’aucune assistante n’est disponible pour vous donner un coup de main (parce qu’elles travaillent en priorité pour des associés déjà débordés) qu’une nouvelle affaire nécessite que vous assistiez à un premier rendez-vous client interminable et que les délais (déjà courts) vous obligent à rester beaucoup plus tard au cabinet qu’à l’accoutumée.

La montée d’adrénaline intervient le jour de l’audience, quand votre confrère s’aperçoit que vous êtes prêt à plaider, que vos écritures (revues et corrigées par l’associé) laissent apparaître des arguments en béton armé et que l’assurance dont vous faites preuve vous permet de percevoir en lui le doute s’installer.

Même si la suite s’est révélée conforme à l’impression laissée, j’ai tiré comme leçon de ces dernières semaines pour le moins agitées le fait que le métier d’avocat nécessitait outre une capacité réelle à s’adapter aux imprévus ainsi qu'aux situations d’urgences, une prédisposition à supporter la pression qui les accompagne.

jeudi 12 février 2009

Défendre « l’indéfendable »

Quand j’étais encore adolescent, je pensais naïvement qu’un bon avocat était un avocat qui ne perdait aucune affaire.

La réalité s’est vite révélée complètement différente et la raison est simple.

Sauf à sélectionner votre clientèle (ce qui, je le rappelle, « ne se fait pas, surtout en temps de crise »), vous risquez fortement de vous trouver (d’autant plus quand le cabinet dans lequel vous exercez à bonne réputation) dans le cas de figure où vous aurez défendre des personnes qui s’adresseront à vous en étant convaincues que vous pourrez trouver LA solution à leur problème voire faire des miracles alors même que les faits, le droit positif et la jurisprudence leur donnent approximativement 0,0000001% de chances de s’en sortir.

Si ce cas de figure se présente, la déontologie et l’honnêteté intellectuelle auxquelles vous êtes tenu vous imposent d’expliquer à votre client les chances réelles qu’il a d’obtenir gain de cause.

Si gagner n’est plus envisageable, plusieurs possibilités s’offrent à vous :

- Celle de la transaction sur la base du fameux adage « un mauvais arrangement vaut mieux qu’un bon procès ».

- Celle de la défense devant les tribunaux en tentant de tordre les faits, le droit et les concepts pourtant bien établis tout en donnant du relief à une jurisprudence (malheureusement) isolée.

Dans ce dernier cas, votre objectif est en fait très simple…limiter les dégâts.

mardi 10 février 2009

4 mois déjà

Cela fait donc quatre mois que je suis devenu un collaborateur junior. Ce n’est pas assez longtemps pour faire un vrai bilan mais assez pour faire part de mes impressions.

J’ai donc l’impression qu’on ne s’est pas moqué de moi et que ce que l’on m’avait promis au moment de l’entretien m’a réellement été offert ou confié.

Je suis plutôt satisfait de la formation qui m'est dispensée, la rémunération est correcte (sans être extraordinaire), les horaires sont conformes à ce qui m'avait été annoncé et il m’a été donné l’occasion de plaider à plusieurs reprises. Je suis associé pleinement à la gestion des dossiers et je n’ai donc pas (comme c’est parfois le cas en cabinet d’avocats) à gérer bout de dossier après bout de dossier.

J’aurai de toute façon du mal à me plaindre de mon sort alors même que je constate à quelle sauce sont mangés certains de mes camarades de promo. Patrons cyclothymiques, promesses non tenues ou encore ambiance délétère entraînant des départs plus ou moins volontaires. Je suis d’autant plus satisfait de mon sort quand je vois la difficulté qu’éprouvent certains d’entre eux à décrocher une collaboration en cette période de crise, synonyme de ralentissement voire de gel des recrutements…