jeudi 21 octobre 2010

Pompier de service

J’ai déjà eu l'occasion de dire que l’avocat est très souvent sollicité par ses clients quand ils se trouvent vraiment dans l’impasse.
Qu’ils ont tendance à faire appel à lui quand ils s’aperçoivent qu’ils ne pourront plus rien obtenir de leur interlocuteur ou encore quand ils se sont mis dans une situation où la loi l’oblige à être défendus par un avocat.

Cependant, parce qu’il a attendu que la situation soit compromise pour demander de l’aide à son avocat, le client est donc plus pressé que jamais.

Quand vous lui demandez dans quel délai il souhaite avoir les réponses à ses questions, il vous répond bien souvent qu’il les veut tout de suite ou du moins le plus vite possible (ASAP).

J’ai tellement pris l’habitude que cela se passe de cette façon avec les nouveaux clients que quand l’un d’entre eux s’adresse à moi en m’indiquant que ce qui motive sa venue est justement de prévenir tout risque juridique lié à la décision qu’il va être amené à prendre, cela me procure toujours ce même effet de surprise.

Quand de surcroit vous lui indiquez que sa question est complexe, qu’elle implique de longues analyses des documents doublées de longs entretiens pour être certains que toutes les implications ont été envisagées, que, de ce fait, la facture que vous lui adresserez s’en ressentira et qu’il vous répond que vous lui ferez de toute façon gagner de l’argent en lui évitant les actions juridiques qu’aurait pu générer la mise en place de mesures sans consultation préalable d'un avocat, vous vous dites que vous êtes face à cette fameuse exception qui confirme la règle.

En réalité, les raisons qui poussent les clients à agir de la sorte sont souvent liées au fait qu’ils aient ou non été sensibilisés, dans le cadre de leur parcours universitaire et/ou professionnel, à l’impact juridique des décisions stratégiques et économiques qu’ils seront amenés à prendre.

Quand c’est le cas, aller voir un avocat pour prévenir d’éventuels conflits leur paraîtra être une démarche naturelle. Dans le cas contraire, c’est souvent, contraint et forcé, voire méfiant, qu’ils vous solliciteront.

jeudi 14 octobre 2010

Travailler plus pour gagner plus (acte II)

J’avais écrit sur mon ancien blog, il y a un peu plus de 3 ans, un post insistant sur le fait que ce métier vérifiait l’adage du Président de la République selon lequel plus vous acceptez de travailler et plus vous êtes susceptibles de gagner de l’argent.

Cette donnée, bien intégrée par l’élève-avocat que j’étais, l’est d’autant plus par l’avocat que je suis actuellement.

Je n’ai qu’à discuter avec mes confrères pour m’en assurer.

Ceux qui travaillent dans des structures anglo-saxonnes n’ont pas (ou très peu) de clientèle personnelle, faute de temps pour s’y consacrer, mais peuvent prétendre à une rétrocession d’honoraires qui les dispense d’avoir à vraiment se préoccuper du fait d’en développer une.

A côté d’eux, on retrouve ceux qui, en petite ou moyenne structure, ont d’ordinaire (un peu voire beaucoup) plus de temps pour se consacrer à de la clientèle personnelle.

Même si je ne connais pas l’ensemble des grilles de rétrocession d’honoraires des cabinets parisiens, force est de constater qu’il y a souvent une différence du simple au double (voire triple) entre ce que les grosses structures sont en mesure de verser à leurs collaborateurs juniors et ce que les petites ou moyennes structures peuvent leur verser.

Accepter d’aller dans l’une ou l’autre de ces structures relève donc du choix de vie entre travailler beaucoup et gagner raisonnablement sa vie (petite ou moyenne structure) et gagner beaucoup plus en travaillant….beaucoup plus (structure anglo-saxonne) avec ce que cela implique en termes d’investissement en temps.

Mais quelle que soit l’option pour laquelle vous optez, gagner plus impliquera toujours d’accepter de travailler plus.

Ce qui, pour une profession libérale, paraît somme toute assez logique...

vendredi 1 octobre 2010

2 ans, premier bilan

Je fête en ce début de mois d’octobre, ma deuxième année d'exercice en tant qu’avocat collaborateur junior.

Après deux ans, je ne peux nier que ce métier me passionne vraiment.
J’apprécie l’idée de défendre les intérêts de personnes physiques et morales et de régler une situation qui leur semblait compromise. J’aime accompagner leur réflexion, leur expliquer pourquoi telle chose est envisageable et telle autre inconcevable, établir une stratégie, avant d'aller, selon les cas, plaider leur affaire devant les tribunaux.

Je mesure chaque jour le chemin parcouru depuis mes débuts.
Après plusieurs mois d’exercice, des automatismes se développent et ce sont eux qui me permettent de faire mieux et plus rapidement le travail demandé par le client et le cabinet. C'est aussi cette expérience acquise qui me permet de me sentir de plus en plus à l'aise dans ma "robe d'avocat".

Cette profession reste néanmoins très exigeante. Les collaborateurs, juniors qui plus est, sont ceux à qui on demande traditionnellement un investissement en temps considérable et à qui l’on ne pardonne rien (ou presque).

Quand les dossiers s’accumulent sur son bureau du fait d’un accroissement d’activité, le junior, qui comme tout avocat n’a pas d’horaire, est mis face à ses responsabilités.

Même si cela lui est rarement imposé formellement, il n’a souvent d’autre choix que de travailler plus tard le soir, voire le week-end pour venir à bout desdits dossiers.
Quand cette situation devient au fil du temps plus le principe que l’exception, la démobilisation guette.

A mes débuts, je me demandais ce qui pouvait pousser autant d’avocats à quitter la profession au bout de deux ans. A cette question, il n’existe manifestement pas une réponse, mais plusieurs.

Contrairement à ce que pense le grand public, tous les avocats ne sont pas riches (loin s’en faut) et ceux à qui l’on propose un autre poste (notamment celui de juriste d’entreprise) pour gagner plus tout en ayant des horaires moins lourds et beaucoup plus compatibles avec une vie privée, n’hésitent pas longtemps avant d’accepter.

Quelques uns de mes confrères, qui ont prêté serment la même année que moi, ont d’ores et déjà opté pour ce choix. Leur activité étant essentiellement axée sur le conseil, c’est sans regret qu’ils ont décidé de s’orienter vers un métier qui sera très proche, à ceci près qu’ils n’auront qu’un seul et unique client (leur entreprise).

Pour ma part, j’aime toujours autant ce métier. Même si une routine peut finir par s’installer quand vous êtes hyperspécialisé, que les connaissances sont acquises et que les questions des clients et les affaires traitées sont très proches, cette profession a un caractère imprévisible indéniable. C’est ce qui fait son charme et ce qui explique également qu’elle soit si exigeante.

Je retrouve également de la diversité dans les dossiers que je traite à titre personnel, d’autant plus qu’avoir son propre client que l’on gère à sa façon offre une toute autre satisfaction que celle que peut vous apporter la relation que vous avez le client du cabinet.

On dit souvent que le cap des 2 ans est fondamental dans la carrière d’un avocat. Que c’est celui à partir duquel il commence à s’interroger sur ce à quoi il aspire vraiment.

Je me pose effectivement des questions et je ne doute pas que les prochains mois apporteront leur lot de réponses.