Si
j'en crois la définition figurant dans l'ouvrage d’André Damien et de Henri
Ader intitulé « Règles de la profession d’avocat » , la
confraternité est un principe essentiel qui impose à l’avocat de « s’efforcer
d’entretenir de bonnes relations avec ses confrères et à ne pas oublier la
solidarité qui les unit ».
Dans la pratique, appliquer à la lettre ce principe peut s’avérer plus compliqué qu’il n’y paraît.
Non pas parce que tous les avocats sont méchants et agressifs, mais parce qu'ils sont bien légitimement tiraillés entre l'intérêt de leur client et le respect à la lettre de la déontologie de leur profession.
Même si tromper volontairement son confrère ou le mettre dans l'embarras par ruse est inenvisageable pour tout avocat qui se respecte, le principe qui veut que chaque avocat défende son camp du mieux qu'il le peut implique qu'il puisse être parfois désagréable lors de l'audience avec celui qui défend les intérêts de son contradicteur et qu'il ne fasse aucun cadeau à son confrère.
A titre d'exemple, une erreur de procédure commise par un avocat impose de la part de son confrère qu'il fasse valoir devant la juridiction saisie les conséquences de cette erreur et non pas qu'il décroche immédiatement son téléphone pour dire à son confrère qu'il aurait tout intérêt s'y prendre autrement pour gagner son procès.
La respect de la confraternité impose néanmoins que vous ne confondiez votre confrère avec le client qu'il défend.
C'est d'ailleurs pour cette raison qu'après des échanges vifs et sans concession lors d’une audience de plaidoirie, vous pouvez et devez saluer votre confrère en partant, sans même qu'il soit exclu que vous puissiez sympathiser…voire bien vous entendre depuis de nombreuses années.
Parce que je sais que mes clients ont parfois du mal à cerner le bien fondé de cette différenciation, j'évite de faire étalage d'une trop grand confraternité face à eux.