mardi 19 juin 2012

La pratique de la confraternité

Si j'en crois la définition figurant dans l'ouvrage d’André Damien et de Henri Ader intitulé « Règles de la profession d’avocat » , la confraternité est un principe essentiel qui impose à l’avocat de « s’efforcer d’entretenir de bonnes relations avec ses confrères et à ne pas oublier la solidarité qui les unit ».

Dans la pratique, appliquer à la lettre ce principe peut s’avérer plus compliqué qu’il n’y paraît.

Non pas parce que tous les avocats sont méchants et agressifs, mais parce qu'ils sont bien légitimement tiraillés entre l'intérêt de leur client et  le respect à la lettre de la déontologie de leur profession.

Même si tromper volontairement son confrère ou le mettre dans l'embarras par ruse est inenvisageable pour tout avocat qui se respecte,  le principe qui veut que chaque avocat défende son camp du mieux qu'il le peut implique qu'il puisse être parfois désagréable lors de l'audience avec celui qui défend les intérêts de son contradicteur et qu'il ne fasse aucun cadeau à son confrère.

A titre d'exemple, une erreur de procédure commise par un avocat impose de la part de son confrère qu'il fasse valoir devant la juridiction saisie les conséquences de cette erreur et non pas qu'il décroche immédiatement son téléphone pour dire à son confrère qu'il aurait tout intérêt s'y prendre autrement pour gagner son procès.

La respect de la confraternité impose néanmoins que vous ne confondiez votre confrère avec le client qu'il défend.

C'est d'ailleurs pour cette raison qu'après des échanges vifs et sans concession lors d’une audience de plaidoirie, vous pouvez et devez saluer votre confrère en partant, sans même qu'il soit exclu que vous puissiez sympathiser…voire bien vous entendre depuis de nombreuses années.

Parce que je sais que mes clients ont parfois du mal à cerner le bien fondé de cette différenciation, j'évite de faire étalage d'une trop grand confraternité face à eux.

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonsoir Maitre,

Dans un premier temps je tiens à vous témoigner mon admiration, votre blog est une mine d'informations.

J'ai une question un peu étrange : est-il plus difficile(impossible) d'avoir accès à une collaboration au sein de cabinets et surtout de grands cabinet lorsque que l'on a pas effectué de troisième cycle dans une des deux grandes facultés parisiennes?

Maître Spcial a dit…

Bonsoir,

Merci pour le compliment.

Pour être honnête avec vous, les cabinets d'avocats et plus particulièrement les plus gros d'entre eux aiment bien que vous ayez suivi un troisième cycle dans une faculté parisienne de renom, de préférence à ASSAS.

Cependant ils connaissent bien et apprécient également les formations réputées issues d'autres universités de province.

Les gros cabinets d'avocats aiment tout particulièrement les profils qui ont des doubles diplômes.

Dans l'idéal, un 3ème cycle d'une université française doublé d'un LL.M à l'étranger, d'une formation à Science Po ou en Ecole de commerce de renom.

CheckInNews a dit…

Maître,

Suite à la lecture de votre blog j'ai beaucoup appris sur le métier, je tenais à vous en remercier.

Etudiant en fin de Master 2 à Toulouse je viens m'installer en août à Paris pour préparer le CRFPA pour l'année 2012/2013. Cette longue lecture depuis votre 1er blog m'a fait sourire mais aussi fait beaucoup peur.

Ayant toujours voulu devenir avocat, pour le challenge, la relation client, la prise de risque, la noblesse du titre ( il y a au moins ça), je me rend compte que cette lecture me terrorise un peu. Je m'explique, plus on avance dans ces études, plus on entend, on lit, des expériences qui font froid dans le dos. Vous aimez votre metier ça se ressent mais à quel prix?

Ce metier me fascine mais quand je vois que toute vie sociale est mise de coté pour une rémunération ne dépassant pas le salaire d'un caissier (je ne dénigre en rien ce metier bien entendu) faisant 35h il y a de quoi se poser des questions quand même. Surtout que ma dominante concerne le droit des personnes et de la famille donc en soi un domaine n'engrangeant que TRES PEU d'argent. Exercer un metier passionnant, certes, mais si il s'agit de finir par manger des pâtes le soir tout seul dans son 15 m2 ça donne de moins en moins envie.

Votre experience est un moteur de motivation mais je me pose beaucoup de question à savoir si je ne risque pas de quitter ce beau metier après à peine 1 an. La pression, le manque de vie privé, une rémunération au plus bas ... il y a de quoi se poser des questions.

Je suis dans un état d'esprit des plus paradoxal, de l'envie d'aller plaider au plus vite, d'étudier des dossiers, de guider mes clients, à l'envie d'abandonner tout mon rêve par peur d'être déçu par le metier.

Tout ça pour vous dire que cette lecture m'a permis d'ouvrir les yeux ... mais à quel prix?

Cordialement.

Anonyme a dit…

Bonsoir Maitre,

Je prends toujours autant de plaisir à vous lire. Je voudrais vous poser une question : si je me spécialise dans le droit des affaires,serais-je tenu uniquement à pratiquer du droit des affaires à longueur de journée ou est-il possible à coté de pratiquer des matières plus classiques telles que le droit pénal et civil... ? (répartition 80% droit des affaires et 20% autres par exemple, est-ce possible ?)

Merci d'avance

Bonne soirée

Maître Spcial a dit…

@ CheckInNews

Sachez que vous avez tout à fait la possibilité d'avoir une vie privée en exerçant ce métier. Il faut juste intégrer qu'elle sera moins importante que celle de vos amis qui sont aux 35 heures.

Vous pouvez également faire le choix d'intégrer des cabinets d'avocats qui ont la réputation de moins solliciter les collaborateurs que les autres.

Choix qui aura bien souvent des conséquences sur la rémunération que vous percevrez, puisque, à quelques exceptions près, plus vous travaillerez et plus vous gagnerez.

@ Anonyme

Vous pouvez très bien exercer dans un cabinet spécialisé en droit des affaires et faire autre chose que cela.

Soit parce que votre cabinet vous en donnera l'opportunité, soit (et c'est le cas le plus fréquent) parce que vous choisirez de développer une cliente personnelle dans ces différents domaines de façon à diversifier votre activité.

Anonyme a dit…

Maître,
Existe-t-il des avocates débutants de 45 ans ?
C'est une question sérieuse, j'aurai 40 ans l'année prochaine et je m'inscris en 1ère année de droit.
Merci

Maître Spcial a dit…

Bonjour,

Il n'existe pas de limites d'âge à la pratique de cette profession.

Dès lors, si vous êtes motivé et que vous réussissez les études qui vous mèneront à la profession, rien ne vous empêchera de tenter votre chance.

Tout dépendra de votre détermination à vous lancer dans le grand bain à la fin de vos études de droit.