mercredi 7 juin 2017

Quitter sa zone de confort...

C'est le dilemme auquel est d'abord confronté tout collaborateur qui envisage à court ou moyen terme de s'installer puis celui de tout avocat, devenu gérant de sa propre structure, qui réfléchit au développement de ladite structure.

En créant son cabinet, on aspire souvent, au delà de la simple satisfaction d'être son propre patron, à pérenniser le cabinet que l'on vient de fonder.

C'est à ce moment que tout se complique. 

Pérenniser son cabinet n'est possible que sur du court ou moyen terme au motif que les honoraires que vous facturez à vos clients ne peuvent, à quelques rares exceptions près, pas vraiment couvrir au delà de quelques mois d'activités et de charges (équipements, salaires, etc...)

En analysant rationnellement la situation vous prenez vite conscience du fait qu'il ne s'agit pas tant de pérenniser votre cabinet sur le long terme que de faire en sorte que des clients, dont certains sont les mêmes tandis que d'autres seront nouveaux, aient le réflexe de vous confier des missions récurrentes et/ou occasionnelles.

Vous ne vendez pas un produit unique que des consommateurs viendraient acheter à joue fixe  conscients qu'ils sont qu'il est devenu incontournable et très à la mode, mais une prestation de service sur mesure à destination d'un client qui, professionnel ou particulier, ne sait pas avant de vous avoir rencontré si vous serez en mesure de répondre à ses attentes.

Dans ces conditions, faut-il, parce que l'on rencontre du succès et que les demandes s'amoncèlent, adapter rapidement son cabinet à la situation en le faisant grandir afin de profiter de l'engouement que l'on suscite, et ce d'autant plus quand on sait que cette prise de risque amène souvent ceux qui font le pari d'investir en ce sens à en faire (beaucoup) plus afin de réussir à transformer l'essai ?

Ou faut-il à l'inverse conserver des charges résolument raisonnable par rapport à ses entrées afin de mieux appréhender une profession où la demande des clients est sinusoïdale ?

La réponse est dans la question...même si pas complètement (sic).

Tout est, en partie, une question de cohérence avec soi-même.

À mon sens, sortir de sa zone de confort et prendre des risques dans le développement de sa structure, qu'il s'agisse du fait de s'associer à quelqu'un d'autre, de prendre un ou plusieurs collaborateurs (de plus) ou même d'acheter ses propres locaux n'à d'intérêt que s'il procède d'une suite logique et d'une aspiration profonde à trouver notamment une solution à un problème donné.

Il faut avoir le sentiment de ne pas vraiment prendre un risque inconsidéré en le faisant, à l'instar d'une des raisons qui vous poussent à créer votre propre cabinet quand vous êtes collaborateur.

Il faudrait que votre stade de développement, bien que confortable matériellement, finisse par présenter de tels défauts (surcharge de travail, isolement, manque de temps pour sa vie privée, pression reposant uniquement sur vos épaules, etc...) que le changement d'équilibre économique qu'impliqueront les décisions que vous prendrez, en quittant cette zone de confort matériel, vous semble finalement plus intéressante que le fait d'y rester.

Dans ces conditions, la question ne sera plus, qu'est-ce que je gagne financièrement à changer un modèle qui d'un point de vue "résultat" fonctionne plutôt bien, mais qu'est-ce que je gagnerais, sur le court comme sur le moyen terme, à structurer autrement mon cabinet quitte à y perdre financièrement durant une période indéterminée. 

On lâche rarement la proie pour l'ombre par simple volonté de se mettre en danger...

1 commentaire:

qf avocat a dit…

L'équilibre dont vous parlez, cette zone de confort est sans cesse instable pour un cabinet d'avocat.
Réinterrogeons nous sans cesse afin de fournir à nos clients un service à la hauteur de leurs attentes. Ce n'est qu'ainsi que nous pourrons au final rester meilleurs que les legalstarts et autres services disruptifs à la mode.