dimanche 10 mai 2020

C’est la crise, ma bonne dame !

J’ai prêté serment en 2008, juste au moment de la crise bancaire et financière d’automne. Je me souviens que ceux qui avaient, comme moi, obtenu quelques mois auparavant une promesse de collaboration se disaient qu’ils avaient de la chance de ne pas chercher en cette période.

12 ans plus tard, alors que je ne suis plus collaborateur depuis 8 ans mais à la tête de mon propre cabinet je ne peux m’empêcher de penser à ceux qui cherchent actuellement une collaboration.

La crise est telle qu’une partie de mes confrères ont décidé de suspendre des stages d’élèves avocats le temps du confinement. Certains ont accepté de les reprendre dès le lundi (11 mai) d’autres ne le feront sans doute pas faute d’avoir les reins suffisamment solides pour assumer cette dépense en plus de toutes celles qui se sont abattues sur eux depuis le début de l’année 2020.

Comment, dans le contexte actuel, où rien n’est vraiment certain si ce n’est que la période est compliquée, inédite et imprévisible, pouvoir assumer, sauf trésorerie substantielle, une grève des avocats qui les a amenés à renvoyer volontairement des audiences pour manifester contre la réforme des retraites avant d’enchaîner sur une crise du Covid-19 qui aura duré 2 mois consécutifs sous confinement mais qui pourrait signer le début d’une année 2020 catastrophique sur le plan économique.

Cela faisait longtemps que je n’avais pas écrit un post sur mon blog, considérant que les sujets les plus importants pour moi avaient été traités plusieurs fois sous différents aspects.

Celui de la crise du Covid-19 étant inédit par sa violence, je reprends la plume non pas pour dire que je sais comment faire pour m’en sortir en cette période où chacun d’entre nous subit d’abord les évènements avant de tenter de s’y adapter comme il peut, mais pour affirmer que ma conviction profonde est que plus que jamais les clients auront besoin d’un avocat.

L’avocat est celui qui dénoue des situations compliquées, celui qui conseille la meilleure stratégie quand son client est confronté à une forme d’impasse, celui qui accompagne l’entreprise en difficulté, le salarié dans le doute, les particuliers face à des injustices. Tous ces évènements ne sont pas arrêtés avec le Covid, bien au contraire.

La vraie question sur le long terme est à quel point l’économie sera impactée par le Covid.

Il ne faut, en effet, pas se leurrer : si ceux-là même qui ont besoin de nous s’appauvrissent, les chances qu’ils décident d’une dépense non contrainte s’amenuisera et les cabinets d’avocats en seront les premiers témoins.

La question n’est pas de savoir si l’avocat continuera à exister. Sa fonction étant incontournable, il existera toujours.

La vraie question est plus de savoir si le principe de réalité ne poussera une partie significative nos clients habituels ou occasionnels à s’abstenir de nous solliciter quand nous pourrions pourtant leur être d’une aide précieuse, convaincus qu’ils sont qu’ils ne peuvent plus se permettre cette dépense.

Parce qu’en ce 10 mai 2020, le confinement n’aura (pour l’heure) finalement duré « que » deux mois, il ne reste plus qu’à croiser les doigts pour qu’à cette crise sanitaire en cours succède une reprise nécessaire…à l’économie en général…et à l’économie des cabinets d’avocats…en particulier.

Protégez-vous, conservez les distances et prenez soin de vous…

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