samedi 21 novembre 2009

Whatever works

Le contentieux comme le conseil font appel à un sens aigu de la stratégie de la part de l’avocat.

Le contentieux implique que vous rédigiez assignations et conclusions en vous préfigurant d’ores et déjà ce que le confrère adverse sera susceptible de vous rétorquer dans ses conclusions en défense.

Le conseil, quand il s’agit de rédiger des contrats ou de négocier des accords, consiste souvent à placer les clauses et les articles les plus favorables aux intérêts de votre client de la façon la plus habile possible, afin qu’ils soient acceptés par l’autre partie.

Même si les contentieux et les contrats peuvent se ressembler et qu’une expérience significative en la matière est donc utile, force est de constater que chaque dossier à son histoire, notamment parce que les interlocuteurs et leur façon de faire sont différents.

Chaque affaire doit donc être abordée avec vigilance et sans excès de confiance, tant l’erreur de procédure ou l’oubli d’une clause importante ou préjudiciable dans un contrat est possible.

Le client demande à son avocat d’être un fin stratège, en plus d’un excellent juriste. Il attend de lui qu’il obtienne le résultat escompté et se préoccupe finalement assez peu de la manière dont il a procédé pour y arriver.

Le tout, c’est que ça marche…

jeudi 12 novembre 2009

La relation collaborateur/associé/client

J’ai longtemps cru que l’associé d’un cabinet était celui qui, du haut de sa pyramide, dictait aux uns et aux autres les tâches qu’ils devaient accomplir et le temps qu’ils avaient pour les achever.

C’était sans compter sur un autre intervenant qui n’est autre que le client dudit associé.
Il n’est pas rare qu’il considère son avocat comme un simple prestataire de services et comme LA bouée de sauvetage qui intervient lorsque la situation est devenue beaucoup trop complexe pour lui ou pour l’équipe de juristes de son service juridique.

La conséquence directe de cette sollicitation tardive est que les délais d’intervention accordés à l’avocat sont souvent très courts pour trouver une solution au problème exposé par le client. Il n’empêche que cette solution doit être trouvée "ASAP" (cf. As soon as possible).

Dans ces conditions, un associé digne de ce nom accepte de relever le défi ("business" oblige), tout en subissant la pression qu’exerce sur lui un client désemparé, pressé et pressant.

Il ne tarde donc pas à communiquer cette pression et la deadline imposée par son client à ses collaborateurs, lesquels n’ont plus qu’à terminer, en plus de leurs dossiers déjà très urgents, le travail urgentissime confié quelques minutes auparavant par le client.

Parce qu’il est roi, il n’est donc pas rare que ce soit le client qui dicte sa loi à l’avocat…

lundi 9 novembre 2009

L'art de la plaidoirie

Je plaide assez régulièrement, mais je dois reconnaître que les plaidoiries se suivent sans pour autant se ressembler.

Il m’arrive de plaider un dossier dont le fond n’a pas été préparé par moi et pour lequel je remplace un confrère du cabinet empêché à la dernière minute. Dans ces conditions, j’ai encore quelques difficultés à me détacher de mes notes durant l’audience.

Je plaide parfois des affaires pour lesquelles le fait d’avoir réellement travaillé dessus ne change pas grand-chose à la réalité qui veut que la situation du client soit difficilement « défendable ».

À côté de cela, il n’est pas rare que j’aille défendre des dossiers sur lesquels j’ai travaillé suffisamment pour les plaider « les yeux fermés », et ce, d’autant plus que les faits et le droit me donnent d’emblée un véritable ascendant sur mon contradicteur.

Dans ce cas de figure, et pour peu que vous soyez à l’aise à l’oral, vous avez la possibilité de démonter point par point l’argumentation de votre confrère tout en y mettant le ton et la gestuelle (voire l’humour) qui ont le don de tenir les juges en haleine.

C’est à cet instant que la plaidoirie devient un réel plaisir. Tel un musicien, votre travail ne consiste plus qu'à combiner les mots d’une manière agréable à l’oreille…

mardi 3 novembre 2009

« Sois-toi même, mais pas trop ! »

En cette période où de nouveaux avocats prêtent serment, cette phrase pourrait être l’un des commandements du bon petit collaborateur junior qu’ils aspirent probablement à devenir.

Aussi brillant et talentueux soit-il, le collaborateur doit, en effet, garder à l’esprit qu’il ne peut se permettre d’oublier qu’en intégrant un cabinet d’avocats, il intègre une structure qui a ses habitudes et dans laquelle l’ego des avocats qui la compose doit être ménagé.

Il ne lui est donc pas interdit de dire ce qu’il pense, mais il doit faire attention de ne pas dire TOUT ce qu’il pense.

Il peut prendre des initiatives, mais prendre garde à ne pas froisser les susceptibilités de ceux qui n’en prennent pas.

Il ne lui est pas interdit de critiquer le fonctionnement du cabinet, mais s’il peut éviter de le faire devant témoins ; c’est mieux.

Que le collaborateur junior soit rigoureux et efficace dans le travail qu’il effectue est une donnée importante, mais elle compte au moins autant que sa capacité à se fondre dans le moule du cabinet dans lequel il exerce.

À bon entendeur...