vendredi 30 avril 2010

Le juriste face à l’avocat

Il n’est pas rare que le client pour lequel je dois rédiger une consultation ait quasiment les mêmes diplômes que moi. Dans ces conditions, la relation à l’avocat est différente de l’individu lambda qui n’a jamais fait d’études de droit.

Ce type de client, qui pose des questions ciblées et pertinentes à son avocat, est beaucoup plus exigeant sur la qualité du travail et ce, tout simplement parce qu’il a déjà « une petite idée » de la réponse.

Il ne consulte bien souvent l’avocat que pour conforter, auprès de son entreprise, la position qu’il a déjà prise en tant que responsable du service juridique.

Consulter un avocat sur des questions pointues pour lesquelles des sommes conséquentes sont en jeu lui permettra accessoirement de faire jouer la responsabilité de l’avocat dans l’hypothèse où les conseils qui lui ont été donnés devaient avoir des conséquences dommageables.

Du point de vue du rapport proprement dit entre juriste (client) et avocat (conseil), je trouve que l’exercice de la confrontation d’idée et de points de vue avec quelqu’un d’une formation similaire à la mienne est très enrichissant, mais qu’il m’oblige à être sûr de ce que j’avance ou de ne pas hésiter à indiquer à mon interlocuteur que la réponse ne pourra être apportée qu’après des recherches complémentaires.

Le juriste averti a, en effet, une sainte horreur de l’à peu près…

3 commentaires:

Sofienne Rida a dit…

Bonjour,

Lorsque vous dites "[...] mais qu’il m’oblige à être sûr de ce que j’avance ou de ne pas hésiter à indiquer à mon interlocuteur que la réponse ne pourra être apportée qu’après des recherches complémentaires", cela suggère qu'avec un client non juriste, vous pouvez vous affranchir de cette certitude ou de cette recherche de précision. J'imagine évidemment que ce n'est pas ce que vous avez voulu dire, et qu'il s'agit d'une maladresse.

En effet, le client non-juriste, plus encore que le juriste, a besoin d'un conseil avisé : ignorant tout du droit, il s'en remet complètement à son avocat, sans avoir les moyens d'évaluer la pertinence des conseils qu'il reçoit de lui.

Maître Spcial a dit…

Pour répondre à votre question, il est évident que je ne voulais pas dire que je pouvais avancer des choses à un client (non-juriste) sans en être sûr.

Dans tous les cas, il faut être certain de ce qu'on avance à un client, quel qu'il soit.

Je voulais seulement mettre l'accent sur le fait qu'en pratique, il est fréquent que les questions posées par des non-juristes soient souvent bien moins complexes, plus classiques et plus attendues que celles qui sont posées par des juristes.

Vous vous retrouvez assez souvent dans la situation où vous connaissez les grandes lignes de la réponse à la question qui vous est posée, notamment parce que d’autres clients vous l’ont déjà posée par le passé, et vous pouvez donc en parler à votre client avant de lui envoyer votre consultation écrite et détaillée.

À l’inverse, quand un juriste avisé vous pose une question bien plus complexe et moins classique, vous ne devez pas hésiter à lui dire que vous ne vous prononcerez qu'après avoir fait des recherches complémentaires.

Bien évidemment, cela est également valable dans le cas où un client non-juriste vous pose une question dont la réponse ne vous paraît pas évidente.

Sofienne Rida a dit…

(re)Bonjour,

Je comprends mieux. Je n'avais pas pensé à la nature des questions (plus souvent complexes de la part de juriste, si je vous suis), si bien que ce n'était pas très clair dans mon esprit.

Merci, et bonne journée
Sofienne