mercredi 6 juillet 2011

En toute confraternité

La profession d'avocat compte en son sein des confrères qui se doivent déontologiquement un respect tout particulier.

Même si nous sommes contradicteurs dans une affaire, parce que nous défendons les intérêts de clients qui sont adversaires, il nous est interdit de nous insulter et nous devons nous garder de mettre un confrère dans l'embarras, notamment, en jouant de malices pour tromper sa vigilance.

Ce principe, qui n'est, me dit-on, pas toujours respecté, n'empêche pas que, lorsque vient le moment de plaider une affaire, chacun des avocats reste convaincu qu'il est fondamental pour l'issue du dossier que l'impression qu'il donnera au juge lors de l'audience soit meilleure que celle laissée par son contradicteur.

C'est à cet instant que la confraternité trouve ses limites.

Certains confrères, le plus souvent ceux qui sont plus âgés que moi, voient parfois dans la confrontation à un jeune avocat une belle occasion d'apprendre la vie à quelqu'un.

Cela passe par des « tentatives d'intimidation » avant l'audience, sous la forme du classique : « Mais votre dossier est vide, cher confrère ! », puis en cours d'audience par toutes ces formules plus ou moins subtiles qui ont pour objectif de rappeler aux juges que l'ainé, dépositaire du talent et de l'expérience, c'est lui et que le jeune débutant, c'est vous.

Preuve que ce type de schéma n'est pas si récurrent que cela, il m'était, en à peu près de 3 ans d'expérience, parfois arrivé d'assister à des scènes de ce genre, mais je n'avais jusqu'ici jamais été partie prenante de telles prises de bec.

Parce qu'il faut un début à tout, lors d'un déplacement dans un barreau extérieur la semaine dernière, j'ai eu droit à un véritable show de la part de mon confrère.

Lui qui jouait à domicile avait visiblement décidé de me le faire savoir dans les grandes largeurs.
Son seul soucis était que l'adversité a tendance à me galvaniser et surtout que son dossier était mal ficelé tant sur le fond que sur la procédure stricto sensu.

Parlant en dernier, parce que défendeur dans le cadre de cette affaire, je ne me suis donc pas gêné pour le lui faire remarquer, avec les formes et « quasiment » en toute confraternité, devant des juges et quelques confrères qui, sourire aux lèvres, m'ont indiqué ne pas regretter d'avoir eu l'occasion d'assister à cela.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Héhé, bien joué ! Je vous souhaite un bon délibéré !

Anonyme a dit…

Mon associé, alors jeune confrère, m' avait raconté comment il avait aussi mis à mal le bâtonnier de l'époque.

Ce dernier a l'audience de plaidoirie n'avait cessé de stigmatisé son âge et lui son expérience et ses connaissances de la matière via notamment le lexis nexis qui est une référence en France.

Il a commencé sa plaidoirie en disant "Monsieur le bâtonnier a tout à fait raison, Lexis nexis est une référence. Je vais donc vous lire un passage du lexis...(je vous laisse imaginer la suite).

Sinon je tiens à vous féliciter pour votre excellent blog très instructif pour un élève-avocat comme moi.